Immense succès populaire dans une Amérique traumatisée par la guerre du Vietnam et sujette aux soubresauts de l'agitation étudiante dans les campus, "Dirty Harry" créa une confusion navrante entre le personnage d'Harry Callahan - flic aux méthodes expéditives - et l'acteur Eastwood. Comme pour "French Connection" ou "Bullitt", le but de Don Siegel était pourtant de décrire de manière plus fidèle la réalité quotidienne de la vie des policiers que ce que Hollywood livrait jusqu'alors (ce qui ne l'empêche pas de ponctuer le film de scènes d'action spectaculaires !). "Dirty Harry" reste essentiel dans l'histoire du film policier, installant Clint Eastwood dans sa mythologie, en combinant les influences du western qu'incarnait l'acteur, et en y ajoutant ce sens moral très particulier du personnage de Callahan, directement inspiré du cynisme et du désabusement de Don Siegel lui-même. [Critique écrite en 1983]