Comment parler d’un film qui ne provoque ni rejet ni enthousiasme, mais au mieux une certaine perplexité ?
C’est le (mon) problème rencontré au sortir de The Kindergarten Teacher, présenté à la Semaine de la Critique, qui au demeurant a suscité de très bons échos sur la Croisette (mais comme je suis la seule de la team Cinématraque cannoise à l’avoir vu, c’est moi qui m’y colle et je ne suis pas femme à me laisser influencer, sauf contre promesse d’interview avec Ryan Gosling – ce que je n’ai encore pas eu).
Après Le Policier, Nadav Lapid s’est donc attaqué à un autre métier-symbole avec un pitch intéressant : en Israël, une enseignante en école maternelle découvre que l’un de ses élèves invente des poèmes lors de «transes» et décide de faire connaître son talent au reste du monde, quitte à tout sacrifier.
Centrer un film sur une femme au bord de la folie et sa relation avec un enfant étrange dont on ne sait jamais s’il est un génie ou un rêveur avec une bonne mémoire est une idée tout à fait valable, en revanche ne jamais laisser le spectateur approcher sa folie peut être un souci, en tout cas il l’a été pour moi. Passer 2h à avoir envie de secouer l’héroïne en hurlant «mais qu’est-ce que tu faaaaaaaaaaais» au lieu d’être respectueusement et silencieusement fasciné par sa lente descente dans l’absurde ne m’a pas donné envie de participer à l’éloge collectif que ce film rencontre.
Reste la (jolie) métaphore possible de la maîtresse d’école se battant jusqu’au bout pour protéger la sensibilité de son élève contre le chaos extérieur, tout comme le cinéaste se proposera de réagir à ce monde de brutes (bisous Arlette Laguiller) en étant le gardien d’une certaine poésie.
Je suis donc bonne joueuse et vous recommande quand même d’aller voir The Kindergarten Teacher s’il passe par chez vous, puisque cette institutrice et ce film ont ce rare mérite de ne ressembler à rien d’autre de connu.