L'Institutrice par dillinger0508
Beaucoup de mystère, de fausses pistes. L'institutrice fréquente un cercle de poésie où le moindre mot récité suscite de fervent débats d'interprétation. C'est cette posture d'interprétation systématique à laquelle convie (force) le film. On se demande souvent comment comprendre les comportements, notamment celui de l'enfant, chez lequel on tente de détecter l'imposture. Ses faits et gestes sont autant d'invitations à relancer notre questionnement sur son intelligence et sa sensibilité. Par exemple, lorsqu'avec son meilleur camarade il entonne un chant de supporter extrêmement vulgaire, que faut-il en déduire? A l'inverse, que faut-il penser de sa poésie non pas naïve mais, bien au contraire, pétrie d'amertume et de déception amoureuse, sentiments inaccessibles à un enfant de 5 ans ? L'ambiguïté des sentiments de la femme et de l'enfant est constante. Pourquoi l'enfant semble-t'il si ennuyé de la présence de l'institutrice, pourquoi ne sourit-il que dans les moments inappropriés ? Quel est le sentiment qui traverse cette femme dont la beauté est si éblouissante qu'on ne saurait dire si sa sensualité face à l'enfant est réelle ou un fantasme de notre part. Cette charge érotique (que je pense ne pas avoir été le seul à ressentir) va faire régulièrement basculer notre point de vue : nous sommes tantôt la femme en admiration devant l'enfant, tantôt l'enfant admiré subissant le comportement étrange et sensuelle de son institutrice.
A noter aussi, la mise en scène du film, particulièrement soignée et originale : la caméra opère des travellings et panoramiques à hauteur d'enfant et en gros plan et elle se permet d'envahir la diégèse : une baby-sitter chante quasiment pour elle, les acteurs s'y cognent, un enfant la saisit.