Amérique 1913, le nouveau champion du monde des poids lourds est, pour la première fois, un noir ! Et du côté des blancs, la pilule ne passe pas. Mais le champion est aussi rejeté par les siens parce qu'il refuse d'être un symbole communautaire. Mauvais temps à prévoir d'autant que le boxeur a une petite amie blanche et qu'on ne plaisante pas avec ces choses là, à l'époque. Inspiré par la vie de Jack Johnson, adapté d'une pièce de théâtre, L'insurgé n'est pas un film de boxe (dix minutes de combat, tout au plus), mais un portrait à charge de l'Amérique raciste du début du XXe siècle. Martin Ritt, sans se défaire tout à fait des pesanteurs de la pièce d'origine, livre un film puissant, génialement interprété par James Earl Jones. Pas aussi bon que Traître sur commande, tourné la même année par le réalisateur de L'espion qui venait du froid, mais sacrément punchy. Il serait temps de redonner à Ritt toute la place qu'il mérite dans le cinéma américain des années 60/70.