L'Intendant Sansho par Kaneda
C'est un film de Mizoguchi assez singulier, notamment par son caractère moins contemplatif qu’à l’accoutumée, sa structure qui comprend des flash-back, des percées de récits parallèles et des ellipses de temps traitées de façon moins poétique et onirique que dans les Contes de la lune vague après la pluie. Mais c'est aussi sur le plan thématique que ce film se distingue dans la filmographie de cet auteur, principalement parce qu’on n’y trouve pas de grand portrait de femme. En revanche, le pessimisme caractéristique de Mizoguchi y est omniprésent.
Sur le plan esthétique, les images (plastiquement magnifiques) et l’action semblent se contredire systématiquement. Ainsi, devant un merveilleux paysage, Tamaki déclare que l'endroit est horrible. De même, la noyade volontaire d’Anju est traitée avec une douceur et une beauté confondante.
Mizoguchi souligne ici l’âpreté et l’urgence du message de l’Intendant Sancho, en mettant en question les rapports réciproques du beau et du vrai en art.