L'ultime long-métrage de Sydney Pollack ne jouit pas d'une très bonne réputation, et ce n'est que justice tant "The Interpreter" s'avère oubliable ; pourtant je ne regrette pas de lui avoir consacré 2 heures un samedi soir.
Ce que j'ai aimé, c'est l'aspect "divertissement classique à l'ancienne", avec de gros moyens visibles à l'écran, un tandem de stars pour porter le film, et une intrigue qui mélange thriller, drame et romance.
Malgré un traitement maladroit, la dimension géopolitique constitue également une valeur ajoutée, Pollack ayant notamment bénéficié des autorisations pour tourner au siège des Nations Unies à New York. Basée sur un prétendu complot visant un chef d'état africain accusé de génocide, l'intrigue géopolitique se révèle plutôt intéressante, mais affaiblie par le choix d'un pays fictif (le Matobo), évoquant fortement le Zimbabwe, et d'une langue inspirée du swahili (le "ku"). Difficile d'apparaître tout à fait crédible et authentique dans ces conditions...
Les deux stars internationales du casting ne déçoivent pas, Nicole Kidman se montrant plutôt juste et crédible en interprète tourmentée au lourd passé, tandis que Sean Penn en fait un peu trop en agent du Secret Service brisé par un drame personnel - mais ça passe grâce à son aura.
Parmi les maladresses qui affadissent "L'interprète", on notera quelques procédés bas de gamme (on repasse un extrait de dialogue survenu une heure plus tôt, afin de rattrapper au vol les spectateurs les moins attentifs), une ou deux scènes frôlant le ridicule (Nicole Kidman jouant de la flûte traversière...), et une absence de climax final.
En revanche, la scène centrale dans le bus constitue une belle réussite, pic de tension souligné par un montage au cordeau. De manière générale, la réalisation apparaît soignée et efficace, Pollack ayant bénéficié du concours des meilleurs techniciens (Darius Khondji à la photo, James Newton Howard à la musique).