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Une production de SF Cannon réalisée par Tobe Hooper, il y a de quoi être intrigué. D'autant plus qu'il s'agit du remake d'une série B classique des années 1950, et que le grand Sam Winston, pas encore adoubé par Jurassic Park, s'occupe des effets spéciaux. Tous les feux sont au vert, donc, pour le cinéphile curieux déjà prêt, avant d'appuyer sur play, à se plaindre du manque de considération de l'objet.


Malheureusement, le résultat s'avère assez feignant pour mériter son oubli. Et pourtant, ça part plutôt bien. La simplicité du script probablement héritée de l'original fait mouche: on suit un gosse pas trop relou passionné d'astronomie qui voit une invasion extra-terrestre de type Body Snatcher débuter au fond de son jardin. Bien sûr, on est sur des rails souvent empruntés: les corps habités par l'envahisseur ont un trou dans la nuque, ils mangent comme Denethor dans Le Retour du Roi et le personnage principal se retrouve seul contre tous. Mais l'humilité du film l'emporte pendant les premières minutes. Le point de vue enfantin motive les enjeux. Toutes les figures d'autorité se font contaminer, et ce de façon parfois cruelle, ce qui amène les protagonistes pas trop au courant de la visite martienne à confondre perte de repère et imagination. La situation raisonne forcément en chacun de nous. La mise en scène suit cette cette trame classique mais efficace. Étrange paradoxe d'ailleurs que l'homme rendu célébrissime pour son style presque documentaire soit responsable de ce jeu de travellings avant extrêmement fluides et esthétiques. La seule extravagance, un travelling compensé utilisé à contre-emploi lors d'un dialogue, ne déteint pas particulièrement dans cette mise en image classieuse rehaussant la véracité du sentiment de solitude enfantine mais également de superbes décors.


Dommage, donc, que toutes ces qualités s'évaporent dans la deuxième partie. Celle-ci débute -comme dans 95% des séries B bourrin du genre- par la rencontre avec l'armée (et la NASA, particulièrement irresponsable ici). A partir de là, le point de vue se décale sur l'infirmière et le général, faisant du gamin la victime à sauver des méchants ET, une victime perdue entre deux-trois gunfights mous du genoux. La gloumoute, passé l'agréable surprise de leur découverte révèle vite ses faiblesses. Son aspect organique manque de crédibilité quand il s'agit de faire détaler les bestiaux (no spoil, mais c'est vraiment rigolo), tous droit sortis d'un spectacle de marionnette pour certains.


Chassez le naturel, il revient au galop: le classicisme humaniste défendu par Hooper ne réussit pas à la firme de Golan et Globus. Il y a clairement des quotas de violence débile à caser, et nul doute que ce n'était pas ce qui motivait le plus le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse. Du coup, tout ceci ressemble vachement à ce super sujet de philo que vous avez bâclé parce qu'il fallait citer obligatoirement votre cours tristement didactique.


Comme c'est souvent le cas avec les remakes flemmards, ce qui en sort, c'est l'envie de découvrir le long-métrage original, peut-être mois fort en marines crédules. C'est assez marrant, au plus je regarde de prods' Cannon, au plus j'ai l'impression que tous leurs films suivent cette logique: le premier acte raconte quelque chose qui est immédiatement sacrifié sur l'autel de la baston à la Ultime Violence dans une conclusion à rallonge qui ennuie la plupart des spectateurs contemporains. Malgré la diversité de leur catalogue, la recette saute assez vite aux yeux.

Jabo
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le 18 mars 2019

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Jabo

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