Voilà, j'ai probablement vu le plus mauvais film de Mike Hodges (le réalisateur de l'intemporel Morons From Outer Space!) : un navet irrécupérable.
Un mec de l'IRA (Mickey Rourke en mode tourmenté-ah ah-et avé l'accent irlandais actor's studio approved) décide d'arrêter de tuer des gens après avoir accidentellement fait sauter un bus scolaire. A Londres, un caid de la pègre (un croque-mort qui donne des leçons de morale sur le respect dû aux aînés et aux cadavres) l'embauche de force pour buter un concurrent. Mais Bob Hoskins le curé voit l'assassinat, et Mickey a des scrupules à tuer ce témoin, alors le caid veut le faire exploser à la fin avec sa nièce aveugle, qui n'a même rien vu. Le frère du boss est une sorte de psychopathe odieux qui se fera crever après avoir tenté de violer ladite aveugle.
Pourtant le prêtre ne peut pas dénoncer IRA, qui l'a piégé via le secret de la confession. Et le curé est un ancien de la Corée, prisonnier de guerre pendant 5 ans, donc c'est pas une fiotte qu'on fait craquer s'il a décidé de la fermer. Mais comme ça ne rassure pas suffisamment le croque-mort, Rourke doit veiller sur le prêtre et sa nièce. Par la même occasion, IRA et curé pourront discuter du pardon et tout ça.
"On est seuls. Rien ne dure. Rien n'a de but.
- Tu peux expliquer ça à dieu ?
-Non, père. Est-ce que lui peut me l'expliquer ?"
Suite à l'explosion qui avait pour but de tuer les témoins, IRA tombe du toit de l' église en s'accrochant temporairement aux stigmates d'une statue de CHRIST NOTRE SAUVEUR, et se retrouve allongé à côté dudit christ qu'il a emporté dans sa chute, lançant au curé la réplique suivante : "Vous n'abandonnez jamais, hein, père?" - réplique qu'il lui avait bien sûr déjà adressé plus tôt dans le film, ah ah, moment détente.
Ce film est juste terriblement bête. Même pas une bonne poilade décérébrée, car il se prend méchamment au sérieux. On n'est pas là pour s'amuser, mais pour méditer sur la symbolique profonde des icônes.
C'est un fiasco total : la musique, loin d'être mauvaise, est en décalage permanent avec les images, juste inappropriée. Même le générique de fin, qui défile avec les manèges de la fête foraine en premier plan, est à côté de la plaque.
Hodges et Rourke ont renié le film, qui aurait été remonté par les producteurs. La culpabilité du tueur qui refuse la rédemption afin de payer pour ses péchés aurait-elle été traitée de manière moins lourde sans leur intervention ?
Songez à ce que James Glickenhaus aurait pu faire avec cette histoire !
(ou Mike Hodges, le gars qui a fait Get Carter et Croupier)