Peut-on s'échapper de la spirale de violence où l'on a basculé un jour, par choix ou par hasard ?
Question de fond qui a manifestement servi de détonateur à la réalisation de "L'Irlandais", un membre de l'I.R.A. en rupture de terrorisme dès la 1re séquence. La réponse de Mike Hodges, cinéaste anglais, se calait, à l'époque, sur le contexte politico-religieux qui traumatisait l'Irlande du nord. Sans désamorcer le suspense final, on peut cerner la destinée de Martin Fallon. Il veut en finir avec la violence clandestine mais à tous ceux qui le hantent ne fera que s'ajouter "le fantôme de la liberté". Une fois de plus, c'est par son interprétation assez autodestructrice que Mickey Rourke donne sa force à ce nouveau anti-héros phare de sa filmographie.
Avant de côtoyer le Père Da Costa (Bob Hoskins) au passé de baroudeur et Jack Meeham (Alan Bates), crapule psychopathe sous une façade de directeur de pompes funèbres délicat, Fallon a eu l'inévitable déclic. Son groupe doit dynamiter des véhicules militaires. Ils sont dépassés au dernier moment par un car de ramassage scolaire et il y a tuerie d'enfants ! Depuis, "ils" le recherchent, pour le récupérer... ou le liquider. Planqué à Londres, en échange du passeport et de l'argent pour refaire sa vie, il accepte de tuer un rival de Meeham. "Contrat" qui est exécuté sous les yeux du prêtre.
Dès lors, des rapports très aigus s'instaurent entre les trois personnages. Eternelle lutte entre Bien et Mal. Le difficile rapprochement entre l'homme de Dieu et le terroriste repenti, liés par le secret de la confession, s'impose comme le thème dominant du film. Dommage que de la sensiblerie parasite parasiter leur face-à-face : le rachat du second passe par une amourette avec la nièce du premier.
Cette réserve faite, ce film fonctionne comme un thriller efficace, dans les ambiances des quartiers populaires londoniens.
Scène la plus enflammante pour moi : Rourke-Fallon, en train d'incinérer un cadavre encombrant, ajoute machinalement sa cendre de cigarette !
Oui, "L'Irlandais" est un film à voir. Mais ne pas voir là du terrorisme intellectuel !