Si Borzage a été distribué si tardivement en France, c'est peut-être parce que ses films sont si typiquement américains (de même que Guitry est si typiquement français qu'il n'a jamais existé outre-Atlantique). J'entends par là un mélange de confiance et de naïveté, une fraîcheur qui exclue tout cynisme ou second degré et qui affirme haut et fort "quand on veut on peut".
Tous ces ingrédients sont réunis à fortes doses dans le charmant "Lucky Star", en plus du talent indéniable d'artisan de Borzage (oscar 1929 du meilleur réalisateur pour le film). La photo est sublime et notre ami construit son histoire doucement mais sûrement - avec les codes de l'époque (la scène de la fessée ahahah).
Mais voilà, la guerre, tout ça. On comprend vite ce qui nous attend, aussi la deuxième moitié se corse. Le gros méchant George W. Le très gentil handicapé (comme dans Seventh Heaven). L'amour plus fort que tout, blablabla.
La fin est téléphonée. On se dit qu'il ne va pas oser. Il ose.
Et voilà pourquoi Borzage est américain jusqu'au bout des ongles, il n'a peur de rien. Dans un pays qui a pour devise " if you believe in yourself, everything is possible" (je sais on dirait une mauvaise pub Adidas mais je n'y peux rien), "Lucky Star" nous offre un miracle (chrétien).
Il faudrait avoir un coeur de pierre pour ne pas être ému par ce final grandiose (ça tombe bien, j'ai envie de dire). Trop Capraesque pour moi, j'admets toutefois que Borzage est un bon storyteller et que le couple Gaynor-Farrell fonctionne à 200%.
À voir donc. Indulgence de rigueur.