Adaptant le roman ambigu de John Fowles, William Wyler quittait les grands espaces et les grosses machines hollywoodiennes pour ce huis-clos psychologique et vénéneux qui joue beaucoup sur l'atmosphère et le jeu du duo d'acteurs Terence Stamp et Samantha Eggar. Le propos surprit pour ses résonances modernes, surtout de la part du réalisateur de Ben-Hur, mais c'était oublier qu'il avait réalisé les Plus belles années de notre vie qui traitait de la différence et de l'insertion sociale. Ici, son anti-héros n'a pas connu la guerre et n'a pas à reprendre une vie civile, il fait déjà partie d'un système mais reste psychologiquement fragile.
Jouant aussi sur l'étude de caractères, Wyler démontre la névrose analytique et l'ambiguïté des rapports entre ses 2 personnages, par le biais d'une mise en scène conceptuelle qui sait maîtriser les regards, révéler les personnalités frémissantes de ses acteurs et éviter le scabreux. Terence Stamp qui était débutant n'en était qu'à son troisième film, avec ce rôle, sa carrière était lancée ; de son côté, Samantha Eggar se tournera plutôt vers la télévision, mais tous deux obtiendront le prix d'interprétation à Cannes. Ce huis-clos qui utilise presque le même décor, pourrait sembler lassant vu comme ça, mais c'est au contraire passionnant et même étrangement envoûtant malgré son sujet malsain.