Les 20 et 21 mai 1927, Charles Lindbergh effectue la première traversée en solitaire et sans escale de l'Atlantique, rejoignant New-York et Paris et coiffant ainsi au poteau de quelques semaines ses concurrents directs pour le fameux prix Orteig qui patientait depuis huit ans...

C'est foutrement rare ces petits moments d'universalité ou des millions d'hommes de partout dans le monde suivent pendant quelques jours les préparatifs et l'attente d'un type qui vient de passer quatre jours sans dormir dont deux en se faisant dessus avec quatre petits sandwiches (dont un aux oeufs) et une mouche pour tout soutien moral et physique...

Lindberg appartient trop à l'histoire pour jouer le faux suspense longtemps, Wilder n'essaie donc même pas, on commence dans le vif du sujet, juste avant la traversée, ce qui ne nous empêchera pas d'en savoir un peu plus sur le pari, sur la fabrication du Spirit of Saint Louis, sur la concurrence, sur les premiers aviateurs, l'aéropostale, les foires... C'est fou comme c'est charmant un avion à ses débuts, c'est fou comme ça devient vite très laid d'ailleurs...

A l'époque, les exploits sont encore à échelle humaine, à toutes les étapes, une usine d'avion à l'air de sortir d'un Miyazaki, à moins que ce ne soit l'inverse, de toutes façons, c'est encore un joli artisanat, et puis, on prend le temps, nous, on s'implique, on le connait cet avion, même que Jimmy, il lui parle au féminin, c'est un peu graveleux d'ailleurs... La belle tient avec trois clous et un bout de chewing-gum, c'est couture...

Wilder est plutôt en retrait sur ce film, même si on peut reconnaître sa pâte dans les scènes de foule et pas mal de petits moments merveilleux disséminés un peu partout... C'est une grosse production en cinémascope et warnercolor (faut s'habituer...) d'après l'autobiographie pulitzer du héros de l'Amérique, faut remplir le cahier des charges... Nous avons un James Stewart qui porte le film tout seul, aidé par ses jambes immenses et son passé de pilote de guerre afin de faire oublier le toupet et les vingt ans de trop pour le rôle... ce qu'il fait aussi merveilleusement qu'à son habitude.

Alors, oui, ça peut être passionnant de suivre un type pendant plus de deux heures dans une carlingue de monoplace ça peut-être très émouvant aussi et pas ennuyeux pour un sou...

Moi, j'ai passé la journée dans le même état que ce pauvre Lindbergh, à piquer du nez sans en avoir le droit, et après mon dur labeur, dans mon bon fauteuil qui s'enfonçait avec de la place pour mes grandes jambes à moi et tout, j'ai dévoré tout ça avec les yeux d'un bambin devant sa seule glace au cassis de l'été.
Torpenn
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 15 Films d'Avion, Top 15 Films avec James Maitland Stewart, Top 15 Films réalisés par Samuel Wilder, Top 15 Films d'Iceberg et Top 15 Films de Cartes

Créée

le 30 nov. 2012

Critique lue 1.6K fois

27 j'aime

7 commentaires

Torpenn

Écrit par

Critique lue 1.6K fois

27
7

D'autres avis sur L'Odyssée de Charles Lindbergh

L'Odyssée de Charles Lindbergh
Heurt
7

Dans les airs.

Le pari de Lindbergh est de rallier New york à Paris en avion et sans escale, une chose complément folle vu l'état de l'aviation de cette époque. Le début du film de Wilder s'axe sur ce Lindbergh qui...

le 14 déc. 2018

4 j'aime

L'Odyssée de Charles Lindbergh
oso
6

Papy, quand est-ce qu'on arrive ?!

Du pur film de commande, dans lequel rien ne dépasse et tout est pesé, tour à tour intéressant mais aussi passablement soporifique quand il n’a plus qu’une traversée morose à raconter. Les...

Par

le 23 avr. 2017

3 j'aime

L'Odyssée de Charles Lindbergh
JKDZ29
8

Les ailes du courage

On pourrait séparer la filmographie de Billy Wilder en deux blocs distincts, avec, d’un côté, des drames cyniques et noirs, et, de l’autre, des comédies (souvent romantiques) elles-mêmes un brin...

le 9 août 2019

1 j'aime

Du même critique

Into the Wild
Torpenn
5

Itinéraire d'un enfant gâté

A 22 ans, notre héros, qui a feuilleté deux lignes de Thoreau et trois pages de Jack London, abandonne sans un mot sa famille après son diplôme et va vivre deux années d'errance avant de crever comme...

le 17 nov. 2012

471 j'aime

182

Django Unchained
Torpenn
4

Esclavage de cerveau

Aussi improbable que cela puisse apparaître à mes lecteurs les plus obtus, j’aime bien Tarantino, je trouve qu’il arrive très bien à mettre en scène ses histoires, qu’il épice agréablement ces...

le 22 janv. 2013

395 j'aime

174

Le Parrain
Torpenn
10

Le festival de Caan...

Tout a déjà été dit sur ce film, un des plus grands jamais réalisé. Tout le monde a vanté, un jour son casting impeccable : un Brando ressuscité, un Pacino naissant, bien loin de ses tics...

le 6 janv. 2011

366 j'aime

131