Voilà un film que je ne m'attendais pas à apprécier, la faute à une bande annonce mielleuse sur fond de Coldplay et à une affiche française atrocement cheap. Et pourtant, le nouveau film de Ang Lee, couronné par quatre Oscars cette année, est une des plus belles surprises du moment.
Adaptation du roman réputé inadaptable de Yann Martel sur lequel plusieurs cinéastes se seront cassé les dents, "L'odyssée de Pi", s'il met un certain temps à démarrer, est un véritable enchantement pour les sens, un spectacle plein de magie et de féerie, où le spectateur devra laisser son cynisme au vestiaire et se laisser doucement bercer s'il ne veut pas rester sur le bord de la route.
Sans jamais verser dans la bondieuserie facile ou dans un prosélytisme malvenu, Ang Lee encourage son audience à croire de nouveau aux miracles, à l'incroyable, à la puissance évocatrice d'un bon récit, à travers une quête initiatique et profondément spirituelle, qui ne recule cependant jamais face à l'horreur d'une situation parfois désespérée.
Si les premières images laissaient craindre une bouillie numérique indigeste il n'en est rien, le cinéaste de "Tigre et dragon" confiant ses effets spéciaux à de purs magiciens (à qui il tournera d'ailleurs le dos à l'heure d'une crise sans précédents qui affecte le milieu, prétextant des coûts trop élevés), parvenant à rendre crédible et bien vivante toute une ménagerie et un univers, en premier lieu un tigre du Bengale sidérant de photo réalisme, les animateurs ayant de plus le bon goût de ne jamais céder à un anthropomorphisme ou a une mièvrerie souvent de mise dans ce genre de production.
Parfaitement pensée pour la stéréoscopie (je n'ai pas testé le film en 3D mais cela saute aux yeux), la mise en scène de Ang Lee achève de faire de "L'odyssée de Pi" un divertissement familial de haute tenue, fable émouvante aux images sublimes sur l'importance de croire en quelque chose, même les plus folles.