L'histoire dans l'histoire, l'odyssée à proprement parler, est magnifique. Elle constitue un grand film qui se suffirait largement à lui même. Mais elle est imbriquée dans une histoire au présent plus plate et même maladroite, qui peine à conclure et énonce une morale discutable.
La belle histoire est celle d'un slumdog millionnaire alternatif qui gagne au loto de la vie contre toute vraisemblance. Bien sûr qu'on peut pas y croire, mais l'important c'est que ça fait une belle histoire, non ?
Voilà en gros la jolie note d'intention. Mais aussi la modestie affichée pour atténuer l'ambition technique presque prétentieuse : rendre cet incroyable parfaitement crédible visuellement.
Or sur ce point là réussite est totale. Loin de la bouillie de pixels qui pollue la SF du XXIe siècle, l'image est ici somptueuse, le piqué saisissant, le HDR est charnel, les 4K sont vivants, aucun écran n'est trop grand pour profiter de ce bijou. Le montage est souvent plein de tendre poésie et les moments de pure magie s'enchaînent. Une énorme claquasse ! Et à mon avis un classique pour longtemps à ce niveau.
Mais du côté de la modestie, ça sonne moins juste quand Dieu est mêlé à tout ça. Il est possible que le film cherche à taquiner les croyants en expliquant que Dieu n'est qu'une belle histoire. Mais il semble plutôt chercher à prouver que Dieu est positivement une belle histoire. Autrement dit, que la belle histoire que Ang nous raconte n'est rien moins que divine.
On peut passer outre et apprécier ce film hors norme, son amour bigger than cinema de la vie et de la nature. Mais j'ai personnellement un peu de mal avec sa volonté trop voyante de les maîtriser, les dépasser.