Avec les compliments du Capt.-Lt. Henrich Lehmann-Willenbrock
Il y a quelques temps j'ai eu l'opportunité de faire une razzia de dvd : pour moins de 5 euros en moyenne j'ai complété ma collection "films antiques", "films de guerre". Prochaine étape de cette pêche miraculeuse, les classiques de SF qui n'ornent pas encore mes étagères mais j'y reviendrai.
Acheter dvd c'est bien revoir ou voir les films, c'est mieux. Voici donc ressurgie des profondeurs abyssales du Royaume de Poseidon le Nerka. J'avais vu ce film étant bien jeune, un après-midi de vacances. J'avais aimé à l'époque, c'était juste après avoir découvert "Torpilles sous l'Atlantique" dans mes années collège. A l'idée de redécouvrir ce film j'étais partagé entre angoisse et excitation. Avec Das Boot, c'est le Nerka qui m'a conduit vers la série Silent Hunter. Lorsque je l'ai noté sur senscritique, c'était avec mes vieux souvenirs. Et bien je ne vais rien changer à ce 7.
Ce film de sous-marin est à bien des points de vue remarquable. Déjà revenons au contexte : nous sommes en 1958. Et bien les effets spéciaux sont bons, vraiment convaincants. Les prises de vue, les caméras fixées sur le kiosque au moment de la plongée, sur la plage arrière ou encore les ailerons avant nous offrent des plans spectaculaires. Ce voyage avec le Nerka nous fait découvrir ce monde confiné, avec assez de technique pour ravir l'amateur, mais point trop pour ne pas basculer dans un exposé fastidieux. Cet équilibre est vraiment appréciable.
Côté intrigue, le schéma classique de la vengeance fonctionne bien. Un commandant, Clark Gable (qui fait bien le boulot), coulé un an auparavant, décide d'aller se venger avec un nouveau sous-marin. Celui qui devait pendre le commandement initial du Nerka, Burt Lancaster (parfait mais en même temps c'est Burt) se retrouve cantonné à un rôle de second. Très vite l'équipage se rend compte que leur nouveau commandant les envoie à la mort, dans un détroit qui a tout d'un cimetière. Les tensions sont bien retranscrites, même si on pourrait reprocher le côté assez lisse de la contestation : on est très loin du Bounty. Après le schéma est classique : le chasseur devient chassé, se succèdent séquence de torpillage et de grenadage, d'immersion en catastrophe, de contact sonar bref, tout se qu'on peut attendre d'un film du genre.
Je retiendrai deux éléments très positifs : tout d'abord la tension. La montée en puissance est finement jouée et le retournement final est jouissif car bien amorcé quelques séquences plus tôt. Ensuite la musique : elle est efficace dans sa composition mais, surtout, loin d'envahir le film. Quasiment absente de la première partie, elle revient au moment de la bataille. Lorsque la tension est à son comble, elle s'efface. Nous sommes seuls avec ces marins, dans le silence troué par les grenades. J'ai beaucoup aimé cet aspect.
Au final un bon film donc, loin du Das Boot de Petersen mais qui fait le job avec plus de brio que de nombreuses productions du genre. On peut regretter le côté très propres de nos sous-mariniers là où le Das Boot les encrasse au fur et à mesure de leur descente aux enfers. Attention ; nous sommes en 1958 et la Chevauchée des Walkyries de Kilgore n'est pas encore passée par là. Gable et Lancaster sont deux monstres sacrés, pas question non plus de trop les amocher.
Prochaine étape, le Crépuscule des aigles. En attendant barre au 87, immersion périscopique, en avant 2/3.