Ce n'était visiblement pas l'objectif principal, mais La Mirada Invisible parle d'une métamorphose. Chez elle, elle est Marita : elle fait ses vingt-trois ans, elle est jolie, sensible et un peu perdue. Au travail, elle est Maria Teresa ; durcissant ses traits, prenant cinq ans au moins, elle s'acquitte avec discipline de sa tâche de préceptrice au Colegio Nacional de Buenos Aires.
Ce double visage soigné, et l'écart que le récit fera grandir entre les deux jusqu'au point de rupture inévitable, sont ce que je retiendrai du film, en tant que drame très personnel qui parle des effets de l'autoritarisme sur l'individu. Ce qui passe plus chaotiquement, c'est le rapport entre ces bouillonnements intra muros et la situation politique argentine.
Marita aurait pu découvrir l'amour, au lieu de quoi elle sera violée, symbole évident des ultimes sévices infligés par le régime dictatorial argentin avant sa chute. Mais la compatibilité entre l'histoire de Marita et celle de la nation avait des limites qu'on a trop essayé de repousser : pas uniformément dramatique, l'œuvre donne une place difficile à décrypter à la paraphilie du personnage. Sa déviance a beau s'expliquer, parfois elle est juste bizarre, trop présente, et c'est le film qui devient le voyeur de l'histoire.
Cela montre au moins que L'Œil invisible aussi a deux visages, mais je ne serai pas de ceux qui saisissent les deux à la fois.
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