L'Ombre d'un doute par ngc111

L’Ombre d'un doute sait nous séduire d'emblée avec le portrait d'une famille a priori banale (que les détectives choisiront faussement comme famille moyenne typique) et pourtant composée de personnages originaux, drôles voir tragi-comiques. De la petite fille pragmatique au possible, cultivée, littéraire, au père sérieux dans tout ce qu'il fait même quand vient le moment de projeter le meurtre d'un ami et les façons d'y procéder, en passant par le fiston plus pipelette qu'une collégienne, la fille ainée morne et blasée par l'ennui qui entoure sa famille mais qui retrouve l'étincelle de l'intérêt de vivre avec l'arrivée de son oncle ; il ne reste que la mère pour réellement coller au portrait typique d'une famille américaine de moyenne classe.

L'intrigue policière n'est pas en reste et sait se montrer chiche en informations au départ, pour attiser la curiosité du spectateur, avant de progresser de manière remarquable, avec une maîtrise du suspense et des révélations dignes des meilleurs films du sieur Hitchcock.
Le thème policier penche d'ailleurs vers le thriller avec un meurtrier aux relents misanthropiques prononcés, corrigeur de pêchés comme le sera plus tard le tueur de Seven, sentencieux au possible, d'une douceur apparente qui se transforme vite en violence punitive. Le tout est remarquablement interprété.

Alfred Hitchcock parvient, en plus de tout cela, à insinuer une intrigue amoureuse (entre la fille aînée et le détective), une ambiguïté latente dans la relation entre l'oncle et sa famille et une once d'humour avec des personnages secondaires tels que l'ami de la famille qui se présente pendant chaque repas, ou la serveuse du bar où l'oncle amène sa nièce.

Une belle réussite en somme, pour un film pourtant méconnu, qui aurait mérité plus d'aura et de louanges.