Parlera ou parlera pas...
Charles Oakley, personnage sombre et mystérieux, arrive chez sa famille, où on l'adore, surtout sa nièce Charlie. Mais très vite le comportement de cet oncle et les dires d'un détective vont faire germer des doutes dans l'esprit de la jeune fille, tiraillée entre l'amour pour son oncle et la justice.
On sait dès le début que Joseph Cotten/Charles n'est pas clair, mais c'est très avancé dans le film qu'on apprend de quoi il est coupable. A partir de ce moment là, tout dépend de Teresa Wright/ Charlie, sur qui repose la responsabilité d'aider les enquêteurs qui le file et trahir son oncle ou bien aider ce dernier à s'enfuir.
Hitchcock tient ainsi une petite ville en otage, admirative de cet homme apparemment formidable, et complètement inconsciente de sa vraie nature.Seule la pauvre Charlie de plus en plus torturée au fil du film, sait de quoi il en retourne, et c'est son duo/duel avec Cotten qui apporte toute la tension dramatique. Car très vite il se rend compte qu'elle sait, et il s'installe ainsi un jeu du chat et de la souris, et on épie quel sera le prochain mouvement de l'un et de l'autre...
SPOILER!!
On remarque le point culminant de la tension arriver au moment de la scène du dîner, ou Hitchcock film en gros plan le monologue que tient Charles à propos des veuves qui le dégoutent tant. Le regard terrible qu'il porte alors à Charlie révèle en lui une nature mauvaise, et on le sait alors capable du pire, ce qui se vérifiera d'ailleurs par la suite lorsqu'il essayera de faire taire Charlie.
Le rôle de la famille autour de ce duo est très important car il permet de contrebalancer la tension autour des deux protagonistes. En effet, on parle beaucoup mais on ne s'écoute pas , entre la petite sœur "rat-de-bibliothèque-madame-je-sais-tout", la mère adoratrice aveugle, et pourtant touchante, de son frère et le père qui s'amuse avec son voisin ( et c'est là toute l'ironie...) à trouver le meilleur moyen de commettre un meurtre; on comprend tout l'univers d'insouciance et de futilité auquel Charlie veut échapper. Il est surtout l'illustration de ce que hait Charles dans ce monde. Encore un point commun entre nos deux Charlie..
La fin nous fait comprendre que le monde n'est ni blanc ni noir, et que même quelqu'un qui a toute notre confiance peut nous décevoir et être capable du pire. La morale est sauve car le "méchant" est puni, mais c'est au prix de l'innocence de Charlie, et on voit donc que la réalité n'est ni parfaite ni évidente.
FIN SPOILER!
Tout le cast est formidable mais Teresa Wright et Joseph Cotten sont excellents dans ce jeu de tension. Un de mes Hitchcock préféré, que je ne peux que vous recommander.