L'Ombre d'un doute est l'un des films qu'Hitchcock préférait dans son œuvre. Film noir par excellence, son principal intérêt est l'évolution de la relation entre l'oncle, à la fois adoré et suspecté, et la nièce. En l'espace d'une heure trente, on passe d'une relation quasi-fusionnelle entre eux, qui portent d'ailleurs le même prénom et qui plaisantent sur le fait d'être jumeaux, à des tentatives de meurtre, purement et simplement. Toutes les étapes du pourrissement de leur relation y passe, entre doutes, manipulations, intimidations et menaces. Le tout avec subtilité, puisque l'oncle meurtrier de moins en moins présumé est surtout de plus en plus torturé, tandis que la nièce, d'abord naïve et innocente, doit s'affirmer et accepter la noirceur des humains. Si la fin a des allures de happy end, elle est en fait dramatique et déprimante pour la principale concernée. Seule dose de légèreté, car il y en a touours chez Hitchcock : le père et son ami qui rigolent en essayant de trouver les "meilleures" manières d'assassiner quelqu'un - et malgré tout, aucune de leurs idées ne sera reprise par les principaux protagonistes.