Shadow of a doubt, ou comment nous ne voyons pas la violence sous notre nez...
Toujours faire attention à ce que l'on souhaite. C'est ce que nous rappelle ce charmant thriller.
La jeune Charlie rêve de vie. Non pas d'une simple vie, mais d'une vraie vie. Sa famille tombe selon elle en ruine et elle rêve de choses stimulantes. D'une vie qui ne soit pas moyenne, de se trouver confrontée à autre chose qu'à la routine et aux questions d'argent. En somme, elle rêve de son Oncle Charlie et comme à son habitude, celui ci ne la décevra pas.
Mais l'enthousiasme, voire même l'extase des premiers instants retombe finalement assez rapidement lorsque la jeune femme se rend compte que la chose secrète qu'elle sait exister en son oncle chéri n'est peut être pas si merveilleuse.
Charlie arrive, et la famille devient soudainement unie et extraordinaire. Mais ne l'était elle pas avant ? Chacun de ses membres avait déjà son originalité, sa force de caractère, sa façon d'aimer. Tous se connaissaient bien, savait vivre avec les autres et leurs petits travers. Le charmant vieux couple avait déjà réussi à élever de charmants et brillants enfants. Entre le petit matheux en herbe, la petite bibliothèque ambulante et la jeune philosophe, cette famille était déjà heureuse et épanouie.
Mais parfois nous ne voyons pas le bonheur qui est sous nos yeux.
Tout comme nous pouvons refuser de voir le mal et les malheurs qui s'y trouvent.
Si la grand mère de la famille avait pu avoir des craintes sur le devenir du charmant Charles après son accident, l'amour de ses proches et ses belles paroles empêchent le monde de voir sa noirceur.
Ceci dit, elle transparaît ici et là, par des sautes d'humeurs injustifiées. La méchanceté et la violence, lorsqu'elles sont discrètes et sournoises, sont souvent les plus insidieuses et les plus dangereuses.
Car lorsqu'un être est ouvertement mauvais, on s'en méfie et l'on ne cherche pas à comprendre son attitude. Il est jugé et condamné dans l'esprit des gens. Ici en revanche, lorsque la violence ressurgit, on lui cherche des excuses et l'on est trop heureux d'accepter celles que l'on nous fournit. Une pression trop forte sur le poignet ? Une parole un peu brutale ? Des réactions excessives à la taquinerie ou à un geste du quotidien ? Broutilles (trop) vites oubliées (comme malheureusement cela arrive trop souvent dans la vraie vie)
Mais comme Charles le dit si bien, il faut toujours faire attention aux détails. Surtout lorsque l'on est dans un Hitchcock. Enfin à leurs décharge, les personnages n'avaient pas conscience d'être dans un Hitchcock.
Le danger donc, et la méfiance, arrivent progressivement au long du film. La remise en question des choses que l'on croyait acquises, des personnes en qui l'ont plaçait tant d'espoir et les conséquences qui en découlent s'installent de scènes en scène jusqu'à ce que la vérité ne puisse plus être remise en question.
Mais face à une réalité horrible, comment réagir ? Certains trouveront l'attitude de la jeune Charlie stupide. Pourquoi ne pas agir, pourquoi se laisser envahir et ne pas se débarrasser de la menace ?
Mais son choix n'est pas de la pire lâcheté. Épargner voire protéger les gens que l'on aime, faire face seul, avoir la menace à l'oeil n'est pas chose si aisée.
L'intrigue monte ainsi tranquillement en intensité et le film est plutôt bien rythmé.
Visuellement, le film à plutôt bien vieilli et certains plans sont bien pensés. Certes, certains manquent d'originalité, mais des scènes comme celle de la bibliothèque n'en bénéficient pas moins d'un petit plus qui vous fait frissonner.
Les personnages quant à eux, ne sont pas les meilleurs qu'Hitchcock ait jamais créé, mais ils sont intéressant et leurs développement est bien pensé.
Le film bénéficie également de touches d'humour des plus agréables, et les dialogues entre le père de Charlie et son ami Herbert sont des plus cocasse, spécialement lorsque l'on considère la situation....
Un thriller bien tourné, avec des réflexions intéressantes sur les certitudes que l'on peut avoir et ce que l'on est prêt à faire pour protéger les siens d'eux même et du monde. Réflexion également sur la violence et les apparences, qui peuvent toucher encore aujourd'hui de nombreuses personnes.
De bons acteurs, un bonne mise en scène, une histoire bien ficelée et quelques touches d'humour bien réparties, que demander de plus ?