Deux frères tentent de faire évader leur jeune soeur, qui est internée dans une maison de bonnes sœurs, car elle volait dans des caveaux. Ils ont comme rêve fou de partir au Canada, là où ils pensent tout recommencer, eux qui sont de condition modeste...
L'ombre des châteaux est le deuxième film réalisé par Daniel Duval, et si c'est l'histoire de marginaux qui veulent s'en sortir, il s'en dégage une tendre poésie, accentuée par le trio d'acteurs principaux, Philippe Léotard, Albert Dray et Zoé Chauveau. Du fait que ça soit sorti à la même époque, on pense parfois aux Valseuses, sans qu'il ne soit question de sexualité, car il s'agit aussi d'un fascinant voyage, où le trio va se retrouver dans une fête foraine, à rouler en voiture, voire à échapper à des motards, le tout dans le ambiance mi-tragique, mi-joyeuse, un mélange assez curieux sur le papier mais qui donne au film un charme fou. Cela dit, il vaut mieux prévenir qu'il ne s'y passe pas grand-chose, et surtout, il y a assez peu de dialogues, si on excepte le procès, où on voit bien que les deux frères n'ont pas les codes sociétaux, du fait de leur existence difficile, avec un père qui teste des ballons pour un forain et une mère qui confectionne des chapelets, et vivant dans un taudis.
Mais loin de montrer tout sentiment de misérabilisme, Daniel Duval (qui ne joue pas d'ailleurs) montre un portrait d'une grande tendresse de ce trio, qui ne sont pas vraiment méchants, mais qui vivent pour ce rêve fou de partir au Canada. En tout cas, je ne pensais pas être autant touché par cette histoire, au fond, très simple, mais presque empreint de nostalgie. Notamment avec cette lumière du Nord de la France assez sombre, qui est comme un présage pour la suite de l'histoire. En tout cas, Daniel Duval a réussi quelque chose de fort, et signera avec son film suivant La dérobade son plus grand succès. Ce qui ne sera pas le cas de L'ombre des châteaux...