Inlassablement, Garrel fait varier des petits motifs dans une oeuvre qui plus elle avance plus elle fait montre d'une unité remarquable, et il est de plus en plus difficile d'en dissocier un élément, de ne pas le juger en regard du reste du corpus. Le noir et blanc est redevenu une forme imposée après un détour plus ou moins régulier vers la couleur. Le monde est présent mais n'existe pas au-delà des quelques personnages qui composent ses films. La figure du triangle, voire du quatuor amoureux comme clef de voute de toute une oeuvre. Sauf que là, alors qu'on aurait tendance à se dire que chaque film ressemble plus ou moins au précédent, il y a un changement fondamental : le personnage principal - projection de Garrel à l'écran, comme dans chacun de ses films ou presque - ne se suicide pas à la fin, ne succombe pas à une overdose, ne tombe pas dans la dépression. Non, il s'en sort au contraire, retourne vers son amour perdu et recommence son histoire avec elle. Ce regain d’optimisme est tout aussi inhabituel qu'étonnant, et renouvelle du même coup le travail du cinéaste. La force de l'âge emmène Garrel vers un avenir un peu plus ensoleillé, alors qu'on aurait pu craindre un pessimisme encore plus prononcé, tant mieux !