Un de ces documentaires immersifs qui prétend donner une assez bonne idée d'un certain milieu en vase clos et y parvient relativement bien. Ici, on plonge au cœur de l'opéra de Paris, ce gros paquebot piloté par un type en costard tiraillé entre les impératifs administratifs (alias l'ingérence politique...) et son exigence artistique. Autant dire qu'il peine un peu à faire prévaloir le côté humain de l'aventure. Le réalisateur va et vient entre son bureau immense et tous les autres espaces du bâtiment, s'attachant à illustrer chacune des décisions prises au sommet par des séquences édifiants tournées à la base : les petites mains qui astiquent et font briller ne sont pas oubliées à côté des stars comme Benjamin Millepieds, dont on ne comprend pas très bien les raisons du départ, et c'est un peu la limite de ce doc sans voix off, qui nous laisse nous imprégner sans vraiment nous éclairer sur les tenants et les aboutissants des scènes auxquelles on assiste. Qu'à cela ne tienne, la création s'élabore sous notre nez, à grands renforts de travail acharné, et ça, c'est vraiment passionnant. Voir tous ces gens au boulot, concentrés, acharnés, tendus vers un même but commun, quel que soit leur niveau (des enfants qui découvrent la musique d'ensemble au baryton débutant adoubé par ses aînés prestigieux), ça fait un bien fou à l'âme et ça révèle clairement ce dont nous sommes capables de grand. En somme, ça change avantageusement du spectacle affligeant de nos petitesses, étalé complaisamment sur tant d'écrans... En prime, voir le président Hollande venir cachetonner un soir de première quand on l'a entendu dans un autre documentaire faire montre d'une désinvolture d'inculte cynique à propos de la politique culturelle dans notre pays ne manque pas de sel et met le doigt sur une dimension accessible à certains et interdite à d'autres qu'on a parfois du mal à mettre en évidence. Ici, elle saute aux yeux.