C'est la première fois que Jean-Marie Poiré bâtit un film avec le duo Jean Reno et Christian Clavier, deux ans avant le succès planétaire des "visiteurs".
Ici, on est dans une comédie d'espionnage à la française avec Jean Reno (le squale) espion vedette de la DGSE et Christian Clavier, psychologue d'entreprise. Le fond de l'histoire d'espionnage n'importe finalement pas tellement. D'ailleurs, les histoires de vente d'armes (ou de trafic, peut-être) d'un pays européen de langue allemande au profit d'un autre pays, la Colombie, est plutôt confuse. Que vient faire la France là-dedans, mystère...
Mais l'intérêt du film n'est pas du tout là. Ce sont les interactions – inévitables - entre des personnes qui travaillent pour la DGSE, de façon secrète et souterraine et les gens pas du tout dans le coup qui perturbent involontairement le déroulement de l'action. Ce sont aussi les manipulations de personnes, ici par exemple de Christian Clavier, pour le faire agir dans une direction souhaitée qui évidemment se retournera contre le manipulateur (Jean Reno). C'est aussi la rivalité habituelle entre DGSE et DST qui ne supporte pas que les premiers travaillent sur le territoire national et vont s'employer à saboter, en douce, l'action de la DGSE. Toutes ces situations vont conduire – forcément - à des quiproquos amusants.
La première moitié du film est assez spectaculaire entre les scènes d'action en Colombie et la scène avec la BX en France où les scènes drôles voire très drôles se succèdent. Un point culminant est atteint lorsque Reno se rend compte ou découvre que l'agent envoyé pour séduire le mari (Christian Clavier) de Marie-Laurence (Lolo alias Valérie Lemercier) n'est autre que sa propre fiancée, agent elle aussi de la DGSE. Alors que l'idée de l'opération séduction venait de lui… La deuxième moitié est moins enlevée et on observe de la répétition des gags de la première partie.
Il y a des comiques de situation qui fonctionnent très bien comme la réunion à l'Elysée avec un François Mitterrand dont on reconnaît la voix mais qu'on ne voit que de dos sauf la légère calvitie au sommet de son crâne ou bien encore les enfants de Clavier chez ses beaux-parents ou bien encore les scènes avec le patron de la DST en fauteuil dans une camionnette façon "l'homme de fer" avec Raymond Burr ; il y en a d'autres plus border line comme ceux où on voit les aspirantes qui sont un peu enrobées et montrées là comme des agents bien peu sexy. Ça, ce n'est pas drôle car on est dans le dénigrement voire la stigmatisation. C'est de plus inutile. En se creusant un peu, on aurait pu faire une scène bien plus drôle sans passer par l'humiliante situation de dénigrement.
Globalement, le film fonctionne plutôt bien et on passe un agréable moment à voir le trio Clavier-Reno – Lemercier évoluer d'une situation à l'autre.