Quand la gentille Mary, sur le point de se marier --- tout comme son amie dont le petit copain a fini par se décider ---, apprend que son père (veuf) va convoler avec l'épouse d'un truand assassiné, l'ambiance n'est plus vraiment à la fiesta : Mary fait la tronche et se met à tout faire capoter...
-- Papa, you mean you're really going to marry that woman?
-- If you ever say "that woman" like that again, I'm going to smack you right across the mouth.
Ce quatrième film de Martin Ritt (en deux ans !), c'est d'abord une attente déçue.
Le spectateur imagine en effet légitimement que la belle veuve (Sophia Loren) convoitée par le père de Mary (Anthony Quinn) va peu à peu se révéler être une fleur "vénéneuse", une orchidée noire : pas seulement en raison de l'affiche, du titre (et donc de la métaphore), mais également parce que Mary doit avoir de bonnes raisons de détester à ce point la nouvelle conquête de son papa.
L'audience restera toutefois dans le bec dans l'eau.
À la relative platitude de l'intrigue (qui n'est pas compensée par une étude de caractères approfondie) s'ajoute un jeu d'acteurs pas toujours convaincant.
Anthony Quinn tend à surjouer, alors que Sophia Loren semble se reposer sur son charme naturel et son magnifique regard ; ses fous rires sonnent faux et sont même crispants.
Pour un peu, la star italienne et Zorba-Zampano-Zapata se feraient voler la vedette par le jeune Jimmy Baird (13 ans), très bon en mino qui donne du fil à retordre à sa mère et à la maison de redressement où il a été placé.
Malgré ses approximations, Sophia Loren sera la lauréate de la coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise (1958).
D'après une biographe, cette attribution fit jaser :
At the time, international commentators registered astonishment at the Venice result. The Black Orchid is surely one of the actress’s least meritorious films. ( Pauline Small, Sophia Loren : Moulding the Star, 2009, p.58 )
N'en voulons pas à Martin Ritt : cinq ans plus tard, il nous gratifiera d'un somptueux drame psychologique, Hud, qui vaudra à Patricia Neal un oscar de la meilleure actrice amplement mérité, lui.