Inspiré par l’ordre du militaire et par la morale de l’Homme, ce film est un témoignage du réalisateur Mathieu Kassovitz sur l’Histoire française et les colonies. Ce film réactionnaire a mis plus de dix ans à être écrit et réalisé. Il est finalement sorti en 2011, et a créé la polémique, signant ainsi le départ du réalisateur d’un pays dont il trouvait les critiques absurdes. Mathieu Kassovitz, qui avait réalisé entre autre La Haine (1995) et Les Rivières pourpres (2000), a réalisé son dernier film dans l’esprit pur du biographe du capitaine Philippe Legorjus. Pour cela, Kassovitz joue lui-même ce personnage important de l’histoire des « gendarmes d’Ouvéa ».
En avril 1988, les gendarmes de l’île d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, sont pris en otage à des rebelles kanaks. Pour résoudre cette affaire, les autorités font appel à une escouade du GIGN, mené par le capitaine Philippe Legorjus. Ce dernier entre en relation avec les kanaks et leur chef, Alphonse Dianou, et cherchent des accords. Mais l’atmosphère des élections présidentielles françaises met en péril le travail de négociations du capitaine qui se fait renverser par son propre gouvernement.
Ce film, que l’on peut plus qualifier de témoignage que de film politique, est aussi une sorte de documentaire de guerre. Les nombreuses techniques employées par le réalisateur montrent avec efficacité les différents assauts, les malheurs d’une bataille avec une réelle objectivité. Kassovitz n’a pas cherché à faire un film dramatique ou romantique, juste à raconter la réalité comme le protagoniste de l’histoire a pu la vivre. Jouant lui-même le rôle principal, Kassovitz a permis à son chef opérateur, Marc Koninckx, de réaliser des plans extraordinaires, tel que la scène de l’assaut final mais aussi le plan séquence de l’attaque de la gendarmerie ; deux scènes merveilleusement bien réalisées.
Un rythme assourdissant bat la mesure, tel un coup de massue qui annonce le compte à rebours fatidique. La symbolique du duel est très présente : deux personnes sont face à face sur le même plan et le capitaine Legorjus se trouve entre eux, en médiateur. Les plans sont pensés de manière à toujours montrer le personnage du capitaine comme une personne médiatrice de l’affaire. Car cette histoire n’est que le revirement des politiques. Ce qu’ils cachent, ce que ni le spectateur ni le protagoniste ne savent, c’est que tout est joué depuis le début. Il y a comme un élan de traitrise à la confiance des colonisés de la part des politiques. Dans cette histoire, c’est eux qui réclament le sang. Le spectateur est tenu en haleine pendant tout le film en croyant à une fin heureuse – le cinéma est souvent un conteur qui ferait presque oublier la réalité de l’Histoire passée – mais le secret d’un destin résolu et d’une fin imminente des opposants est tout ce qu’il reste.
Le film de Kassovitz est une belle leçon de vie et d’ethnologie, mêlant images d’archives et souvenirs de guerre. Mais son impact est considérable. Rien que dans une salle de cinéma, il est visible. Les gens y réagissent différemment en fonction de leur âge. Les personnes ayant vécu cet événement rient de la bêtise des politiciens, tandis que les jeunes éprouvent du respect pour les soldats. En réalisant L’Ordre et la morale, Mathieu Kassovitz a permis le témoignage d’une page de l’Histoire française.
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le 30 déc. 2013

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