Il faut mesurer ce genre de film politique à l'aune de film comparable, comme une des références du genre : Bloody Sunday de Paul Greengrass. Kassovitz fait ici montre de son expérience et de sa maîtrise totale des scènes d'action, du rythme, de la direction d'acteurs (grand bravo à toute la distribution !) et de la mise en scène. C'est un professionnel du cinéma qui a emprunté le meilleur de l'industrie européenne et américaine. D'un point de vue politique et moral, le sujet de film étant hautement polémique et largement occulté dans l'histoire française récente, Kasso ne réussit pas un sans-faute, jouant lui-même le rôle principal du médiateur pacifique impuissant devant des gens qui ne cherchent qu'à s'entretuer. Kasso se donne le beau rôle, un poil exagéré et livre de ce fait un film un poil manichéen. Pourquoi les kanaks, qu'il montre très agressifs au début, se montrent soudain doux comme des agneaux quand Kassovitz les a un peu "apprivoisés" (c'est le sentiment un peu raciste que donne le film) ? Donc un petit sentiment de trop de consensualité gauche caviar dans le propos, par rapport à Bloody Sunday qui gardait une neutralité (trop ?) mécanique et distanciée. Ici, on se situe de suite politiquement si l'on choisit de voir le film. Ceci dit, ça reste un imparable film d'action et un témoignage ô combien nécessaire d'une page de l'histoire outre-mer française.