Une claque... Je crois que l'on tient là, l'oeuvre de Kassovitz la plus aboutie.
Après une brève expérience américaine, une parenthèse désenchantée si je puis dire, le cinéaste revient en France afin de signer une oeuvre personnelle. En conséquence, connaissant le bonhomme, quelque chose de foncièrement politique et contestataire.
Malgré le peu de considérations dont le film a fait l'objet (boudé par le public et ensuite par la profession), j'ai envie de dire que c'est un retour gagnant.


Dès les premières minutes, le metteur en scène parvient à happer le spectateur. Et il ne le lâchera pas, avant le terme de cette histoire de prise d'otages, située en Nouvelle-Calédonie. Une histoire, que je connaissais vaguement, donc j'ai été d'autant plus attentif à tout ce qui a été montré et raconté, au travers du prisme du capitaine du GIGN, Philippe Legorjus.
Outre un scénario bien construit et structuré, la chose essentielle qui permet de maintenir l'attention c'est la réalisation.
Paradoxalement, Kassovitz opte pour une mise en image sophistiquée et sobre à la fois. Sophistiquée car il fait la part belle aux mouvements amples, à la fluidité des plans séquences. Sobre puisqu'il ne tombe pas dans le larmoyant.


Pour rester dans l'aspect formel, je vais citer deux passages empreints de virtuosité et qui ont une certaine importance dans le récit. En tout premier lieu, l'attaque de la gendarmerie, qui est témoignée sous la forme d'une adjonction passé/présent. Aucune coupure, le passage d'une période à une autre et quasiment invisible. Déjà, chapeau bas pour cette scène.
Néanmoins, il fait encore mieux, pour la fameuse séquence finale de l'assaut. Plus de 6 minutes de caméra portée (lisible, faut-il le préciser), au sein d'une jungle luxuriante. Immersion totale, on est au côté du personnage principal et de ses acolytes. Pour ces derniers, le lieu n'offre évidemment pas une vision de loin qui soit un minimum dégagée, alors ils avancent à tâtons, les balles fusent de toute part... On ressent bien le chaos ambiant, on est à fond dedans.


Et c'est comme ça du début à la fin dans L'Ordre et la morale, sans tomber constamment dans la figure de style filmique, Kassovitz parvient à captiver. Et même s'il est forcément de parti pris, je n'y ai pas vu de manichéisme forcé.
En revanche, par rapport au message véhiculé par le film, je trouve qu'il insiste un peu trop par rapport aux enjeux politiques. Non pas que j'ai trouvé ça lourdingue, mais c'est un peu inutile de le faire répéter plusieurs fois par certains personnages.
Quand à l’interprétation des comédiens, contrairement à ce que j'ai pu lire, je n'ai pas vu de problèmes majeurs. Au pire, on a une poignée de répliques mal récitées ou des rôles minoritaires qui sont mal joués, mais dans l'ensemble les acteurs sont plus que convaincants (Mathieu Kassovitz est irréprochable d'ailleurs).

Jubileus
9
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le 30 sept. 2015

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Jubileus

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