Money Monster
Il a du nez, Christophe Barratier. Sur les marchés, de plus en plus souvent de films sur l'économie mondialisée. On pensait le voir venir de loin, le petit malin, et recycler son succès sur un air...
le 22 juin 2016
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Barratier, c’est l’homme des choristes, et de Faubourg 36, des films qui sentaient un peu la poussière et les belles histoires.
Après les enfants de choeur, il opte pour la modernité et s’attaque à ceux qu’on diabolise allégrement: les traders. On devrait même dire LE trader parce qu’on ne connait que lui, et encore on a appris son nom au moment de sa chute.
Kerviel c’est devenu le symbole d’un monde à part qui ne nous est accessible que quand il se casse la binette.
Barratier choisi un sujet qui n’a pas encore fini de brûler, et prend donc le parti de ne pas se mouiller et de raconter “l’avant”.
Nous avons donc droit à un récit classique de petit scarabée qui grandit et vole si bien et si haut qu’il se crâme les ailes à l’approche du soleil.
A la différence d’un loup de wall street pour lequel la dérive était de s’en mettre plein les poches jusqu’à se faire coincer, Kerviel a la particularité d’avoir contourné les règles pour le plaisir d’aller au bout de ses possibilités, repousser les limites pour voir jusqu’où on peut aller. Comme une joueur accro au Tiercé.
Barratier insiste surtout pour donner à son personnage un traitement humain: sans pour autant l'innocenter ou incriminer son méchant patron.
Ce parti pris est un numéro d’équilibriste (ou une absence de prise de risque, c’est selon ce qu’on préfère y voir).
On est attaché à Kerviel brillamment interprété par un Arthur Dupont qui joue l'obsession et le stress de son personnage avec conviction. Le Kerviel du film a un aspect distant, un caractère tranché, c’est un personnage qu’on a du mal à apprécier totalement. Il est là et pourtant on ne peut pas l'atteindre, et on comprend qu’un personnage si absorbé par ses objectifs puisse se perdre totalement et peine à trouver de l’aide dans son entourage.
N’empêche que quand on le voit s’enfoncer dans son histoire jusqu’à s’en rendre malade, on a mal pour lui.
Le film joue sur deux tableaux: dans un premier temps c’est une comédie: le jeune Kerviel arrive, découvre peu à peu le monde merveilleux des traders, ça vanne à tout va, il doute, il apprend, il prend de l’assurance, il fait beau,; ça avance vite et bien.
Cette partie “découverte” est efficace: on se sent à l’aise alors qu’on sait qu’on va dans le mur. Les dialogues sont naturels, pleins d’humour, et ça fait mouche presque tout le temps.
Et puis ça bascule, et on sait très bien où on va.
Sauf que le film joue avec nos nerfs comme les marchés avec ceux des traders, si bien que la fin du film traine un peu en longueur.
Cette fin qui n’en fini pas, associé à un manque de simplicité sur certaines scènes (la toute première où un trader fait face au bâtiment société générale est maladroite) pénalisent un film qui le reste du temps se révèle intéressant.
Un film agréable, qui arrive à point nommé pour nous rappeler que les infos qu’on digère au jour le jour démarrent parfois de manière insignifiante.
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Créée
le 30 août 2016
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