Un groupe d'individus parvient à prendre le contrôle d'un silo de missiles nucléaires américains. Leur chef est un ancien général, évadé de prison, qui réclame la publication officielle de documents secrets compromettants, sans quoi il déclenchera une guerre nucléaire.

Un départ assez moderne pour les années 70, qui fait d'ailleurs fortement écho à ce que nous proposera le cinéma d'action des années 90. Rajoutez un Steven Seagal ou un Jean-Claude Van Damme en agent d'entretien du silo de missile, au mauvais endroit au mauvais moment, et vous obtenez le scénario type de 1995. J'ajoute même qu'en l'état, "Twilight's Last Gleaming" affiche plusieurs similitudes troublantes avec "The Rock" de Michael Bay !

Néanmoins, ne vous attendez pas à un film d'action. En réalité, "Twilight's Last Gleaming" (titre référence à l'hymne américain) relève plutôt de la politique fiction, se rapprochant d'un "Seven Days in May". S'il y a quelques séquences tendues au sein du silo, Robert Aldrich s'intéresse surtout à la gestion de crise par les militaires et les politiciens. Et aux débats sur les conflits militaires menés par l'Oncle Sam depuis 1945.

Je ne vais pas mentir, il y a quelques lenteurs. Quelques répétitions dans les dialogues. Et des invraisemblances dans le récit : pourquoi le meneur des forbans s'est-il entouré de tels bras cassés ? Pourquoi le gouvernement ne peut-il pas simplement abattre les missiles, vu qu'ils sont particulièrement lents à émerger des silos ? Ou un président des USA bien trop moral...

Mais à côté, le film affiche de vraies proposition. D'abord, une belle distribution qui donne du corps à l'ensemble. Burt Lancaster, Richard Widmark, Charles Dunning, Joseph Cotten... Ensuite, Robert Aldrich a fait un recours massif au split screen. A partir du moment où le silo est investit, on verra en quasi permanence deux écrans à la fois, voire jusqu'à 4 par moment. Mais cela n'a rien de gratuit.

Aldrich a dit que cela lui avait permis de réduire la durée du film, qui aurait monté à plus de 3 heures sans cela (et les 2h24 sont déjà luxueuses !). Au-delà de ça, le split screen a un vrai intérêt narratif, sachant que l'action se déroule en simultané sur plusieurs lieux, et que des personnages ont les yeux rivés sur des caméras de surveillance. Le procédé est parfois un peu lourd, mais il fonctionne globalement bien, et donne même lieu à quelques très bonnes séquences (la tentative d'infiltration en milieu de métrage notamment).

Sur le fond politique, le film propose également de vraies idées, qui a tout particulièrement du sens dans une Amérique post-Vietnam. Avec en prime un final amer.

Le tout porté par une jolie musique de Jerry Goldsmith, vaut aussi le coup d'oeil. D'autant plus que le film semble être un peu tombé dans l'oubli, sans doute en raison de son échec au box office à sa sortie.

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