"But bullets run out... and those bloody spears don't."

Ne serait-ce que pour la respiration permise après l'horreur de colonialisme suranné contenu dans "Zoulou" (Cy Endfield, 1964), "L'Ultime Attaque" fait figure de chef-d'œuvre humaniste et nuancé en comparaison. Endfield est pourtant encore présent, pour la co-écriture du scénario, mais il semblerait que les 15 années qui se sont écoulées depuis lui ont permis de prendre du recul et de réaliser à quel point son discours sur l'héroïsme était pétri de sentiments rances écœurants. Les débuts ne sont pourtant pas optimistes, on n'est pas vraiment confiants quand on voit plusieurs séquences semblables à "Zoulou" : pas de pasteur en mission avec sa fille ici, mais quelques séquences introductives montrant des danses au sein de la tribu zouloue. Les parallèles s'arrêtent là.


L'objet de "Zulu Dawn" porte sur la reconstitution de la bataille d'Isandlwana, étant survenue quelques heures avant l'autre bataille de l'autre film, celle de Rorke's Drift. Le résultat fut une véritable boucherie dans les rangs de l'armée coloniale britannique, et on peut savoir gré à Douglas Hickox d'avoir montré toute la suffisance et l'arrogance de la couronne, figée dans ses préjugés racistes et sûre de sa supériorité (morale, intellectuelle, militaire), qui la conduira à sa perte. En ce beau matin ensoleillé de janvier 1879, 20 000 guerriers issus d'un impi zoulou massacrèrent les 1700 hommes du régiment de la British Army, après qu'un général britannique a refusé de suivre les conseils des Boers suggérant de protéger leur camp en terrain découvert. Les dirigeants britanniques envisageaient de conquérir tout le royaume zoulou, mais ils subirent au contraire la pire défaite de l'histoire des guerres coloniales similaires.


On peut donc apprécier ces portraits connus d'officiers britanniques imbus de leur personne, convaincus que leurs fusils sauront défaire les lances ennemies, avec une tonalité similaire à d'autres films issus du cinéma de la dénonciation ("La Charge de la brigade légère", Richardson, 1968, ou encore "Gallipoli", Weir, 1981). L'interprétation est beaucoup plus cossue ici, avec notamment Burt Lancaster et Peter O'Toole (on peut deviner qui sera l'homme droit et l'homme arrogant), secondés par Denholm Elliott, Bob Hoskins, et Nigel Davenport — on peut apercevoir David Dai Bradley, le jeune protagoniste de "Kes" de Loach vu récemment. Même si on finit sur une image symbolique naze, pour la gloire de ne pas voir le drapeau filer entre les mains des ennemis.

Morrinson
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le 10 oct. 2024

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