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Stanley Kubrick assemble plusieurs pièces d'un braquage d'hippodrome comme on soude les plaques d'un lave-vaisselle ; froidement, mécaniquement, efficacement*.
Et si cette métaphore vaut ce qu'elle vaut, le film qu'il en tire vaut beaucoup plus ; suivant les destins de chacun des comparses gravitant autour du casse, usant d'un montage non-linéaire qui effectue de multiples sauts et retours dans le temps et malheureusement alourdi par une voix-off condition sine qua none d'une certaine clarté dans la narration, le réalisateur anglais va instaurer un rythme tout en rupture, qu'il va allégrement briser avec le passage à l'action et le dénouement, tombant brutalement et implacablement sur les personnages.
Le style Kubrick n'est pas encore maturé dans cet opus, qui est beaucoup plus classique et typique dans sa réalisation que les œuvres plus tardives du réalisateur, mais on reconnaît un soin tout particulier apporté à la photographie, où à la modélisation de l'hippodrome.
Casting sans faille, dominé par Sterling Hayden qui dégage une certaine mélancolie de son imposante stature, et Elisha Cook, parfait dans son rôle d'éternel looser.
L'Ultime Razzia est donc un film noir assez classique mais brillamment éxécuté, plutôt lent dans sa construction et arbitraire dans son dénouement ; un anti-Ocean's Eleven avant l'heure, en quelque somme.
*ce dernier adjectif n'entre pas en vigueur pour un lave-vaisselle de fabrication chinoise.