Après une longue pause, notamment la naissance de son fils Mathieu Demy, Agnès Varda réalise un film qui est clairement un document de son temps, et qui concerne le féminisme. En l'occurrence le portrait de deux femmes sur une quinzaine d'années, aux parcours différents, aux aspirations différentes, mais dont se rejoignent le militantisme pour le droit des femmes.
Pour être honnête, je me sens très peu concerné par tout ce qui touche au féminisme, car il est inné dans mon cas ; j'évolue dans un milieu professionnel constitué à 90 % de femmes, donc la question ne se pose pas pour moi. Mais je vois bien que ces questions, le droit à l'avortement, le droit des femmes d'une manière générale était déjà une raison de se battre en 1977, et on sent clairement que c'est un film engagé, une réalisatrice militante, qui est d'ailleurs une des voix off. Entre l'une qui doit gérer sa condition de maman célibataire, et l'autre qui a une relation compliquée avec un Iranien, ce sont deux beaux portraits de femmes, et on sent l'amour d'Agnès Varda pour ces personnages, et aussi pour la France rurale, avec de très beaux plans dans les villages où Valérie Mairesse chante des chansons militantes dans des places. Thérèse Liotard m'intéresse un peu moins, mais c'est elle aussi un personnage qui a du mal à trouver sa place, avec deux enfants qui grandissent vite, sans père...
Il en résulte un film intéressant, très inégal au niveau du rythme (on sent bien les deux heures), avec des scènes chantées interminables, des plans qui ressemblent à du collage, typique de Varda, et toute une partie saisissante en Iran où Valérie Mairesse va vivre une histoire, puis tomber enceinte, et elle va devoir s'adapter aux conditions du pays, en particulier de vivre voilée, ce qu'elle ne supportera pas, car on touche, selon elle, à sa féminité.
Je ne reverrais pas ça tout les jours, mais il est nécessaire d'avoir des films qui illustrent leur époque.