Des trois opus, c’est celui dont on se souvient le moins. Il contient beaucoup moins de scènes cultes et il ne fait clairement pas partie de la culture populaire. De toute évidence, au-delà de sa qualité intrinsèque, c’est déjà un indice sur sa capacité plus limitée à faire rire. L’idée, sur le papier, est pourtant plutôt bonne : après la démobilisation, nos trois amis se retrouvent, bien malgré eux évidemment, associés à une action de la Résistance. Plus bêtes que jamais (Jean Lefèbvre et Henri Guybet en tiennent quand même une sacrée couche ici !), ils enchaînent les bévues et les actes de bravoure involontaires à un rythme moins effréné et dans des proportions moins hilarantes, ce qui n’empêche cependant pas l’ensemble de se tenir.
La présence de quelques seconds rôles savoureux (André Pousse en habituel méchant de service, Gérard Jugnot en beau-frère grinçant, Jean Carmet dans un tout petit rôle de passeur pas très malin non plus) donne lieu à de sympathiques scènes même si certains gags se révèlent plutôt lourds. Moins trépidant et pétaradant que le précédent opus (même si Jean-Marie Poiré participe aussi au scénario et apporte, de ce fait, son goût du rythme), le film suit un découpage très scolaire en trois parties (les retrouvailles, la péripétie avec la Résistance puis la fuite) qui, s’il est équilibré, empêche toute surprise narrative. Ainsi privé de tout pas de côté, le récit manque singulièrement d’originalité.
Le résultat, s’il est sympathique, est en retrait de ses prédécesseurs, la faute très certainement à un sujet pas suffisamment exploité. Certains passages donnent l’impression que Robert Lamoureux tire à la pellicule (en dépit de cela, le film ne fait qu’1h18) alors que le postulat aurait dû donner lieu à une avalanche de péripéties plus dynamiques et plus fouillées. Faire de nos trois amis, très tôt dans l’histoire, des fuyards ramène, en outre, le récit à un copier-coller des précédents, ce qui est dommageable. La trilogie se clôture donc gentiment mais paresseusement.