Premier film de Terrence Malick sorti en 1975, La Balade Sauvage se présente comme un road-movie banal, comprenant une histoire d'amour tout aussi banale entre un homme d'une vingtaine d'années et une adolescente.
Leur histoire étant compromise par un père désapprobateur, ils décident ainsi de fuir par monts et vaux vers une vie idéale, d'abord forestière puis nomade.
La première chose que l'on peut reprocher à ce film, c'est son scénario. L'histoire est sans véritable originalité et, si on ne peut pas prévoir la fin, le film souffre d'un manque de tension qui va rendre son rythme extrêmement lent. Et puis, il ne se passe rien. Kit, le personnage principal, tue des types de sang-froid, parfois sans aucune raison, et ils reprennent leur route, mine de rien. Et c'est tout. On a vu mieux comme déroulement d'intrigue.
Il faut cependant avoir une approche plus globale de La Balade Sauvage, pour ne pas la détester. Dans tous les cas, essayer de creuser ces personnages qui, finalement, ne dialoguent pas beaucoup, et dont on connaît les intentions en majorité grâce à la voix off de l'adolescente. On discerne ainsi, petit à petit, des personnages relativement caractéristiques, qui ouvrent des thèmes, des pistes d'appréhension du film: l'adolescente est amoureuse de Kit, c'est pourquoi elle le suit partout: au fond, elle est comme n'importe quelle adolescente qui attend que son prince charmant vienne la chercher, et lorsqu'un homme au physique de James Dean vient l'aborder, elle se sent obligée de le suivre. Quant à Kit, justement, n'est-il pas une caricature de l'adolescent, lui aussi ? A vouloir jouer au criminel ou au hors-la-loi et à vivre dans la nature "d'amour et d'eau fraîche" (mais aussi de munitions, je dirais), il apparaît comme un gamin insouciant et inconscient des règles, qui tue sur la moindre pulsion.
Ajoutez à cela une esthétique plutôt réussie que je devine comme la touche personnelle de Terrence Malick: cette façon de filmer la nature avec détail et amour, de lui rendre hommage en quelque sorte, via des plans soignés et précis, complète le film avec réussite. J'ai lu quelque part que ce film était présenté comme un exemple de cinéma contemplatif, et que c'était pour cela qu'il n'était pas ouvert à tout le monde. Non, c'est surtout un film qui certes a de sérieux atouts à faire valoir par ses images, mais qui est couvert du début à la fin par une voix-off qui empêche toute contemplation. J'ai en revanche trouvé que le film avait légèrement vieilli (après tout, il a quand même quarante ans), notamment au niveau des dialogues, mais d'une façon qui ne gêne pas vraiment. La Balade Sauvage est donc, au final, rien d'autre qu'un road-movie d'adolescents qui se prennent à la fois pour Bonnie and Clyde et James Dean dans ses aventures. Un film sympathique en somme, relativement agréable à regarder pour son âge, qui signe le début de la carrière d'acteur de Martin Sheen.