On peut dire que dans ce film Herzog démolie bien l’Amérique et le mythique rêve Américain.
Le personnage de Bruno est très fort et très touchant ; un homme simple d’esprit, qui se fait emmerder par ces connards et qui veut simplement vivre paisiblement.
Ca ne m’étonne pas que Herzog ait choisi cet acteur pour incarner ce rôle ; acteur qu’il a chopé dans un asile mental pour lui donner le rôle de Kaspar Hauser (ça collait vachement bien là aussi) mais il l’a utilisé à nouveau pour ce film et il a bien fait. Ce Bruno a un air tellement innocent, comme s’il sortait d’un autre monde et qu’il découvrait petit à petit à quel point les hommes peuvent être cruels, pourris.
Toute cette descente aux enfers aux USA est très bien menée par Herzog, qui en met plein la gueule au rêve Américain. « Tout le monde est riche en Amérique » « La vie est tellement plus facile là-bas » Voilà ce que pensaient naïvement Bruno et sa clique avant de partir. Et toute cette chute est très bien amenée par Herzog, car le personnage de Bruno est très travaillé. Certaines scènes sont très fortes (celle de la vente aux enchères est particulièrement réussie je trouve) . Il y a beaucoup de scènes de voitures avec des musiques Wendersiennes dont je suis très fan également. Herzog filme vraiment l’Amérique profonde, l’Amérique dégueulasse, crade, mais aussi hypocrite (le banquier, qui est juste une pourriture sous ses airs niais et complaisant). D’ailleurs, la scène qui suit est forte, où Bruno explique à Eva tout ce qu’il ressent avec une manière très singulière, presque infantile, et pourtant son ressenti est plein de sens et de symboliques, j’ai beaucoup aimé.
Ce que j’aime avant tout chez cet acteur, c’est sa voix, ou plutôt la musicalité de sa voix. Il a une manière de parler très particulière, comme si il maniait une langue étrangère alors que c’est sa langue maternelle, et j’adore cet élocution qu’il a, qui nous rend encore plus ce pauvre Bruno charismatique. J’aime énormément aussi cette scène du début, en Allemagne, où Bruno joue de l’accordéon dans une cour d’appartements ; je la trouve également très touchante, belle, car ce Bruno est vraiment attachant, et à ce moment il a l'air heureux.
La fin est belle, et a un côté plus Herzoguienne, avec une certaine folie qu’il manquait peut-être un peu au début. Tout ce passage dans le manège est extrêmement troublant, fascinant, dérangeant, c’est vraiment marquant. Jusqu’à cette toute fin, où Bruno, trop dégoûté (je dirais même déçu) par l’être humain, décide de s’en aller. C’est une fin très poignante, ce film m’a beaucoup ému, ce Bruno est tellement attachant, tellement charismatique, lui qui croyait tellement en la vie, et qui a compris que finalement elle était loin d’être si facile que ça… C’est terrible, un très grand film.