les gens, dans le film ou en dehors, disent que bruno est fou ou alcoolique, un type bizarre dont l'abus de bières divines l'emmène en prison. dès les premiers regards, je tombe sous le charme enfantin du musicien aux faux accords. une tendresse inouïe, comme rarement je ressens, s'élève vers ce bonhomme. est-ce qu'il est bête ou est-ce qu'il se moque ? ses yeux rigolent, ce qu'il est beau. voilà que la violence entre dans son appartement, merveille du brocanteur - je me ronge les ongles, je pleurs, j'ai tout le temps peur de cette méchanceté sans bornes dont l'origine nous échappe.
bruno, j'aurais voulu t'aider ; immobile, incapable derrière l'écran de la télévision, une profonde tristesse s'empare de moi, tu sais, celle de l'iniquité irraisonnée, qui tombe, foudroyante, sur ceux qui l'ont le moins demandé. on ne peut rien faire que fuir.
mais fuir pour aller où ?
"quel genre de pays confisque mon oiseau ?"
bruno n'est pas fou ni alcoolique, l'inconfort permanent de l'extérieur à lui l'oblige à être tout tordu comme il le montre avec sa petite statue. il est sans cesse harcelé par son incompréhension, juste, des faits, gestes et paroles de ses soit-disant équivalents humains. seule grâce autour de lui, le vieux monsieur mesmérien, compère dans sa révolte. et la violence, qui a changé de visage, qui porte maintenant des lunettes et un costume cravate, s'abat toujours. il faut fuir encore. on pourrait parler de conditionnement, mais ce mot est moche, alors d'une boucle, infinie par sa forme : tout est bouclé, aucun espoir de sortir de la piste de danse du poulet.