D'un pur point de vue plastique, tous les segments de ce film à sketches mettent à l'amende 80% des productions actuelles. Maintenant, jugeons au cas par cas :
Segment 1 : Le plus divertissant de tous avec un Tim Blake Nelson impérial, des chansons entraînantes et beaucoup d'humour. En gros, imaginez Lucky Luke adapté par les Frères Coen avec la grammaire d'un Sam Raimi ou d'un Edgar Wright et la violence décalée d'un Quentin Tarantino. Jouissif.
Segment 2 : Très chouette et lacanien dans son propos très ironique. Pas mémorable pour autant.
Segment 3 : Le joyau du film. Picturalement, une merveille et un propos brillant et limpide sur la place des conteurs aujourd'hui. Liam Neeson et Harry Melling composent un incroyable duo de figures tragiques et pathétiques. Chef d'oeuvre !
Segment 4 : Un court gentiment écolo sur la cupidité et l'avidité, captivant dans son enjeu principal et dont la boucle formée est parfaite.
Segment 5 : Le plus long des six segments et le plus Coenien dans sa résolution. J'ai du mal à poser des mots dessus sans en dévoiler trop donc enough said...
Segment 6 : Le moins bon mais paradoxalement l'une des pièces les plus essentielles de l'oeuvre des Coen. Sur un script pas fameux à La quatrième dimension ou Les Contes de la crypte, une explication droit dans les yeux des deux frères sur leur vision de la vie, et par extension de leur art. Tout fait sens, comme un épilogue testamentaire, mais pour en arriver là, il faut se fader un huis-clos poussif au démarrage et bavard.
Bref, c'était bien tout ça ! Et c'est sur Netflix donc aucune excuse pour le louper.