Après True Grit, les frères Coen retournent au Western, ou plutôt, à des Westerns, car Buster Scruggs est un film à sketches, six, qui montrent chacun une facette de ce genre si formidable.
La première histoire, qui donne le titre au film, concerne Buster Scruggs, un cow-boy assez particulier, qui a l'air un peu stupide, mais qui est la meilleure gâchette de l'Ouest. Jusqu'à ce que...
Le deuxième est un bandit qui braque une banque, et qui est condamné à la pendaison.
Le troisième est plus forain et concerne un vieillard qui se ballade de ville en ville avec un jeune homme sans bras ni jambes qui déclame des poèmes devant un public.
Le quatrième concerne la recherche d'or d'un homme.
Le cinquième est sur un cowboy qui est chargé d'escorter un convoi où se trouve une jeune femme enduillée par la perte de son frère.
Quant au dernier, qui se passe dans une diligence, ça raconte les discours des quatre passagers, qui va prendre une drôle de tournure.
J'ai essayé de rester le plus évasif possible, chaque histoire durant une vingtaine de minutes, mais à mes yeux, ce fut deux heures de bonheur. Déjà par la qualité extraordinaire de l’image, signée Bruno Delbonnel, qui donne un panaché des paysages sauvages américains, qui sonnent souvent comme une fin en soi. Ensuite par la qualité des acteurs, entre Tim Blake Nelson, James Franco, Zoe Kazan, Brendan Gleeson, Tom Waits... il y en a tant, mais on dirait qu'ils ont passé leurs vies dans l'Ouest américain, car ils ont des gueules typiques de ce qu'on peut imaginer de cette époque, pas propres, avec des barbes longues, des vestes qui attrapent la poussière, mais il y a le regard toujours tendre des frères Coen qui se pose sur eux, car ils ne paraissent jamais misérables, mais forment à eux seuls un concentré du Western.
Enfin les six histoires sont de qualité homogènes, aucun que je trouve plus faible, mais je retiendrais en particulier le cinquième segment, qui est un hommage à ce film magnifique qu'est Convoi de femmes, avec une Zoe Kazan formidable. Je dirais que tout est dit en citant Anthony Mann, mais il y a une émotion qui s'en dégage, comme une sorte de fatalité dans cette époque où la mort semblait rôder de partout, que ce soit à cause d'un chien ou de terriers.
On a bien entendu l'humour typique des Coen qui est là, qui tourne parfois à l'absurde, avec le banquier du deuxième segment qui se fait une armure constituée de casseroles et de poêles pour se protéger des tirs de fusils, ou un des derniers plans du premier sketch qui est un clin d’œil à Mort ou vif de leur copain Sam Raimi.
Je trouve toujours lamentable qu'il faut que Netflix mette la main à la poche pour qu'on voit un nouveau film des frères Coen, qu'aucun autre Studio Hollywoodien ne peut mettre quelques billes dans ce projet atypique, mais le fait est là. Cela dit, on a quand même le droit de voir, et d'adorer, ce film, chant d'amour au Western sous toutes ses formes.