Le film par sa forme d’anthologie laissait présager une succession de pastiches revisitant l’histoire du Western, et ce d’autant plus qu’il succède au métafilmique Avé César qui courait après une pétulance sans jamais l’atteindre, la faute à des gags inégaux. Il surprend pourtant par la cohérence thématique de ses segments et par un sens du comique retrouvé.
La vanité de nos ambitions procédant autant qu’elle essaie de s’opposer à la fugacité de nos vies fragiles, un thème récurrent de la filmographie des Coen, passe ici au premier plan, aidé par le contexte historique, la conquête de l’Ouest, époque pendant laquelle un regard de travers vous valait du plomb dans le torse, et où une nature grandiose restait indifférente à vos espoirs déçus. Leurs détracteurs insensibles à cette ironie ne pourront continuer de confondre propos et forme (le « tout ça pour ça » engendré a posteriori en repensant aux chutes) devant au moins deux épisodes.
Le premier et le plus bluffant est celui avec Liam Neeson en impresario menant un cirque itinérant miteux. Comportant deux personnages seulement, qui rappellent que les Coen aiment autant les personnages taciturnes et renfrognés que bavards et savants, il s’achève après avoir distillé un savant mélange de malaise et d'amusement, dans un comique glaçant dont l’horreur suggérée attaque le capitalisme avec force. Comme devant les prestations de Llewyn Davis, le spectateur ne sait quoi penser de ce qui est donné à voir.
Le deuxième qui suit un convoi de caravanes appartient à la même veine réaliste que l'opus précité. Toutes les scènes sonnent justes. Les personnages émeuvent par leurs empêchements très bien suggérés par leurs répliques et réactions.
L'ultime sketch, le plus ouvertement allégorique, un huis-clos dans une diligence finit de consacrer cet assemblage comme un grand film mineur, un diamant noir.