C'est toujours une erreur d'aller voir l'adaptation cinématographique d'un livre ou d'un auteur qu'on aime. Murakam est aujourd'hui l'écrivain dont les livres me touchent le plus, alors que j'ai toujours considéré Anh Hung Tran (coupable de pensums mémorables mais curieusement adulés comme "Cyclo" ou "… la Papaye Verte") comme un pénible faiseur. "La Ballade de l'Impossible" abandonnée aux mains incompétentes du vietnamien accumule logiquement tous les handicaps : recours aux poncifs de la "belle image" la plus conventionnelle pour suppléer à la subtilité des mots de Murakami (le pire est sans doute ces plans de mers grondantes pour symboliser le chagrin !), incapacité flagrante à retranscrire la moindre émotion subtile (alors que le non-dit, le "subtil" est l'essence même de l’œuvre de Murakami), ce qui réduit le scénario à une suite de poncifs ridicules sur le spleen adolescent, sans parler du contre-sens fondamental que constitue l'abandon de l'humour si essentiel à la description du désarroi humain… On comprendra que "la Ballade de l'Impossible", film froid et stérile, est un naufrage complet. [Critique écrite en 2011]