La version d'Imamura est un de mes films fétiches, j'étais donc impatient de découvrir la version de Kinoshita, lui qui taxait (apparemment) l’œuvre de son cadet de film porno, la surprise fut grande. Contrairement à la Palme d'or de 1983, le film est réalisé en studio à l'exception de la toute fin. La caméra fluide se déplace à travers les séquences grâce à un changement de lumière, à la disparition d'un décor, d'une toile peinte etc. La mise en scène au millimètre comporte peu de gros plans. Autre différence notable, le film comporte une voix off chantée dans un style traditionnel accompagné par un shamisen. L'aspect théâtral appuyé rend le film envoutant et unique. Kinoshita est un maître et ça se voit. Comme son remake l'histoire est une adaptation de la nouvelle de Shichiro Fukazawa de 1956 que je n'ai pas lu. Quoiqu'il en soit les 2 scénarios sont assez proches, même si bien sûr la version de 1983 (plus longue de 30 mn) abordant frontalement la sexualité est bien plus réaliste et, il me semble, plus émouvante. L'artificialité du film de Kinoshita implique moins le spectateur dans la tragédie qui se joue. Quant à l'interprétation, elle est soutenue dans les 2 films par 2 grands acteurs, Kinuyo Tanaka (la mère en 1958) méconnaissable en vieille femme et Ken Ogata (le fils pour le remake).
Même si la version d'Imamura me touche plus, la version de Kinoshita reste un film unique avec une mise en scène magistrale.