Un jazzman tout ce qu'il y a de plus ordinaire, joué par Bobby Darin, rencontre une jeune femme dans un pub, incarnée par Stella Stevens, qui semble à la solde de son patron, l'odieux Everett Chambers. Entre eux deux va se nouer une relation qui au départ commence mal mais qui sera semée d'autres embûches.
Le succès d'estime de Faces va résonner aux oreilles des studios, et c'est ainsi que John Cassavetes va partir sur la Côte Ouest pour réaliser son deuxième film, qu'il a coécrit, où il ne joue pas, mais dont son classicisme en fait quelque part sa force. C'est assez bavard, comme souvent chez lui, l'alcoolisme joue un rôle important, et à ce titre, ce que fait Stella Stevens est étonnant, car elle n'hésite pas à se salir en quelque sorte, à être humiliée, voire dégradée dans la scène où, pompette, elle veut coucher avec ce type falot, ce dernier va refuser tant il la dégoute.
Le titre français et original du film est bien trouvé, car il y a là-dedans l'idée du désespoir, des âmes perdues, où Bobby Darin semble en peine, de réussite ou d'amour, et où son exutoire est dans les concerts de jazz qu'il donne avec son groupe dans des petits bars, scènes très bien réalisée par ailleurs dans un noir et blanc de toute beauté. Le ton assez triste de l'histoire, ainsi qu'un basculement au cours du film, a sans doute conduit à son échec ; d'ailleurs, Cassavetes ne tournera qu'un autre film de studio, Un enfant attend, avant de revenir à ses oeuvres indépendantes qui feront son succès.