Voilà un bien curieux film, au titre tout à fait fantaisiste puisqu’il n’y a aucun diable dans cette affaire mais seulement une vague poupée, tenu par une folle, poupée qui n’a aucune importance dans le scénario. Nous sommes ici en plein cinéma d’exploitation et l’inspiration principale du film est manifestement Les diaboliques de Clouzot. Mais il s’agit aussi de faire une sorte de patchwork de tout ce qui marche à l’époque : un « fantôme », un château lugubre, des machinations compliquées concernant un héritage, une gouvernante, un monstre défiguré, un tueur masqué et ganté, de l’érotisme, un soupçon d’espionnage, une salle de torture, et même un gisement d’uranium (si !). Le montage du film est assez curieux, il y a des faux raccords, l’interprétation est médiocre, notamment au niveau des figurants (voir la scène des jeunes qui dansent dans le bar), il y a des personnages dont on ne comprend pas très bien l’utilité (les deux amis des personnages principaux), et l’espionne, « tout droit sortie d’un film de Jess Franco » comme le fait remarquer Emmanuelle Le Gagne avec humour dans son article sur culturopoing, arrive vraiment comme un cheveu sur la soupe. Ajoutons, cerise sur le gâteau, un générique complètement aberrant qui est conçu avec des photos du film et qui en dévoile donc tous les moments importants, identité du tueur incluse ! Le réalisateur n’a apparemment sévi qu’une seule fois et c’était, selon l’actrice principale, un « parfait idiot ». Il semble que ce soit le chef opérateur, Francesco Attenni, dont on peut louer la très belle photographie, un des rares points forts du film, qui ait en grande partie réalisé le film car le réalisateur était incapable de diriger les acteurs. Cette curiosité, qui n’est jamais sortie en salle en France, est disponible dans une magnifique copie chez l’éditeur Le chat qui fume, éditeur dont on ne louera jamais assez le travail, avec, en bonus, une analyse très intéressante du film par Francis Barbier.