Philippe Fourastié retrace l'épopée criminelle de la bande à Bonnot, laquelle prend forme lorsque se rencontrent l'anar pragmatique Jules Bonnot et le théoricien libertaire Raymond la Science; Bruno Cremer, en malfaiteur sans fantaisie, semblable d'une certaine façon au criminel de droit commun, et Jacques Brel, en intello fantasque qui professe qu'un braquage sans meurtre ne ferait de lui et de ses complices que des voleurs, sont évidemment les personnages centraux de cette évocation historique romancée et inégale.
La forme est séduisante, certes, avec ses décors et costumes du début du siècle, ces superbes et exotiques voitures d'époque ou même ces spartiates compartiments de train. Le soin apporté à la reconstitution est à mettre au crédit du film. Je suis moins convaincu par le fond.
D'une part, l'anarchisme, tel qu'il est (peu) débattu ici, reste une notion assez vague et ses adeptes font surtout figures d'illuminés utopiques. A l'image, d'autre part, d'un film sans doute trop condensé, réducteur dans le développement de l'intrigue policière autant que dans l'ébauche de personnages un peu caricaturaux, voire superficiels. Leur histoire manque de complexité, tout comme leur postulat et leurs actes. La part d'Histoire que représente la bande à Bonnot se dilue dans le divertissement.