La Bandera par Cinemaniaque
Il est sans doute aussi difficile de définir ce film que de définir Julien Duvivier lui-même : techniquement brillant mais pas seulement, à la fois magnifiquement classique et terriblement moderne. Tout la Bandera est composé sur cette esprit d'opposition constante : un début digne du Réalisme poétique et une suite plus proche du film exotique, un personnage ambigu, et cette tension entre les personnages de Gabin et de Le Vigan, tous les deux sublimes. La grande force de Duvivier est d'exploiter avant l'heure la théorie du suspens à la Hitchcock : toutes les infos sont données rapidement, étouffant la surprise dans l'oeuf, pour mieux amener le spectateur às e demander non pas qui est quoi mais comment ça va se finir. À cet égard, le dernier quart d'heure est grandiose. Peut-être quelques mous de ci de là, et l'histoire d'amour pas forcément convaincante qui ternit un peu le film. Mais pour le simple plaisir de voir Jean devenir Gabin, le mythe, ce personnage qui reviendra de manière quasi systématique, sous diverses formes, tout au long de sa carrière et fera de lui le plus grand acteur français de tous les temps, la Bandera est assurément un très bon film.