À la suite du succès de Conquest of the Planet of the Apes, le quatrième film de la saga, le producteur Arthur P. Jacobs entame le développement d'un nouvel épisode. Il débute le projet en sachant que ce sera le dernier film de la série. J. Lee Thompson revient en tant que réalisateur et Paul Dehn retourne à l'écriture. L'intention de départ du scénariste est d'écarter le personnage de César du militantisme simiesque qu'il tenait dans le précédent film pour en faire un émissaire de paix doublé d'un père de famille.

Ce premier scénario se voit très vite contrarié notamment car Arthur P. Jacobs ne l'aime pas. De plus l'acteur Don Murray renonce à reprendre son rôle de Breck. C'est donc Severn Darden, qui avait incarné Kolp, l'inspecteur zélé dans le film précédent qui revient en tant que chef des mutants. Hari Rhodes est également indisponible pour reprendre son rôle de MacDonald. Un autre acteur afro-américain, Austin Stoker, est alors engagé pour jouer, non pas MacDonald, mais son frère un peu sorti du chapeau.

Peu après le scénariste Paul Dehn est victime d'une maladie et doit quitter le projet avant d'avoir terminé son deuxième scénario. Les producteurs engagent donc les époux John William Corrington et Joyce Hooper Corrington pour finaliser l'histoire. Ils réduisent le scénario complexe de Paul Dehn à une trame plus simple à la « Caïn et Abel » sur la transgression de la première règle des singes : « Un singe ne doit pas tuer un singe ». Joyce Corrington veut en effet faire redescendre les singes du piédestal sur lequel les deux films précédents les avaient portés. Sur la demande de Arthur P. Jacobs, ils proposent également une fin plus heureuse, où l'impact de César sur l'histoire de la planète des singes évite une fin cataclysmique du film.

Le réalisateur J. Lee Thompson déteste le scénario des époux, mais il va quand même continuer derrière la caméra car Paul Dehn dont la santé s'est améliorée revient à l'écriture pour une ultime version du scénario où il rajoute notamment des dialogues plus poétiques et modifie la fin pour qu'elle soit ambigüe.

Le créateur des masques des premiers films de la saga, John Chambers, bien que crédité au générique, ne reprend pas la supervision des maquillages. Ce sont les maquilleurs Joe DiBella et Jack Barron qui se chargent de cette tâche. Ils avaient précédemment travaillé sur le troisième et quatrième volet de la saga. Pour ce film ils doivent notamment réaliser les masques des personnages des orangs-outans Virgil et Mandemus ainsi que le gorille Aldo. Ils les conçoivent sur mesure pour que les prothèses soit plus pratiques à porter pour chaque acteur. Pour les mutants, le budget serré impose une approche minimaliste des maquillages.

Leonard Rosenman qui a signé la musique de Beneath the Planet of the Apes revient à l'occasion du dernier film de la série produite par Arthur P. Jacobs. Il conserve la tonalité de sa partition précédente qui n’était déjà pas folichonne.

Battle for the Planet of the Apes sort en juin 1973, et deux mois plus tard, chez nous, en France.

L'histoire suit César, le chef d'une communauté de singes intelligents et d'humains. Ayant du mal à maintenir la paix entre les deux espèces, César se lance dans une quête de ses origines. Il pense que comme ses parents tués à sa naissance sont venus du futur, ils auront des réponses à lui fournir. Il se rend dans les ruines de la cité voisine pour y trouver des enregistrements vidéos de ses parents. Arrivé sur place avec deux compagnons, il découvre que des humains mutants vivent toujours dans cette cité radioactive. Ceux-ci étant très hostiles, ils les poursuivent dans le but de détruire leur communauté.

Le scénario final traite finalement assez peu le thème de la peur nucléaire car la politique étrangère du président Richard Nixon semble rendre le monde plus sûr. En 1972, Nixon devient en effet le premier président américain à visiter la Chine communiste. Il signé à Moscou la même année le traité ABM avec l'Union des républiques socialistes soviétiques dans lequel chaque partie accepte de limiter certains types d'armes nucléaires. Alors que Nixon s'efforce de coexister pacifiquement avec le bloc de l'Est, les scénaristes du film concluent la saga avec un monde où les humains et les singes vivent en paix et en harmonie.

Le personnage du gorille Aldo, avec Claude Adkins sous le masque, est une caricature du militant du mouvement Black Panther. Les scénaristes indiquent qu'à l'époque de la rédaction du scénario, la peur du soulèvement des Afro-Américains est bien présente dans la société américaine et qu'elle s'est donc infusée dans l'histoire. Le miroir d'Aldo chez les humains est le gouverneur Kolp. Celui-ci a une haine profonde des singes cependant, il a le même plan de domination qu'Aldo : éliminer la race ennemie. Même la société construite par César est profondément injuste. Les humains sont relégués au second plan et ne sont identifiés que par leur fonction. En montrant qu'un singe peut tuer un singe, le scénaristes veulent indiquer que blancs et noirs peuvent être aussi mauvais les uns que les autres.

César, toujours campé par Roddy McDowall, hésite légèrement avant d’accorder liberté et confiance aux humains de son village. Par cet acte, César met un terme au fatalisme présent dans toute la série. Il dévie la marche funeste du destin mis en place par les quatre autres films.

Selon certaines interprétations, la statue pleure des larmes de joie à la fin parce que les deux espèces vivent enfin en harmonie. Cela donne alors une fin optimiste. Selon d'autres, la statue pleure parce que le conflit racial existe toujours, ce qui implique que l'avenir dystopique du premier film est inévitable. La boucle temporelle est alors bouclée.

Battle for the Planet of the Apes est clairement l’épisode en trop dans la saga. Il est dispensable, et n’apporte pas grand chose à la boucle temporelle, il risque même de la détruire. Ça reste néanmoins un film sympathique, beaucoup plus à la portée des enfants que les deux précédents films de la saga, souhait de Arthur P. Jacobs.

Après avoir produit cinq films pour la saga, le producteur Arthur P. Jacobs cède ses droits au studio 20th Century Fox puis décède brutalement d'un infarctus du myocarde le 27 juin 1973.

StevenBen
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le 20 janv. 2023

Modifiée

le 14 mai 2024

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Steven Benard

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