Film de guerre réalisé par Ken Annakin en 1965, quelques années après avoir contribué et co-réalisé "le jour le plus long".
Ce film est à rapprocher de "Bastogne" sorti en 1949 par William Wellman.
Quand on regarde ces deux films sans trop tarder pour bien s'en souvenir, on s'aperçoit qu'il y a des différences d'approche assez notables. "Bastogne" est vu du point de vue de la troupe (la 101ème) tandis que le film d'Annakin est vu du côté de l'État-Major. Une bonne raison de changer les perspectives. Par exemple, à Bastogne, non informés, les gens ont compris tardivement la manœuvre d'encerclement de la ville par les nazis. Tandis que le film d'Annakin se positionne sur un autre créneau qui est celui de ne pas croire, au niveau des chefs, en la véritable et dangereuse offensive nazie, malgré les signes précurseurs inquiétants.
Honnêtement, je pense qu'il y a du vrai chez tout le monde mais que l'objectif d'Annakin était de faire un film spectaculaire quitte à pousser du coude les détails de la vérité historique. Histoire de faire un film avec un véritable suspense sur une opération qui devait ne durer que 50 heures. Dans la réalité, l'affaire s'est plutôt étirée sur plusieurs semaines.
Chez Annakin, une course contre la montre est engagée côté nazis et une course pour tenter de sauver les meubles est engagée côté américains. Pour ne pas spoiler, je m'en voudrais de dévoiler qui, à la fin, a gagné la course (de justesse, of course) …
Pour voir le film et l'apprécier, il est donc impératif d'adopter mon comportement et de considérer que "la bataille des Ardennes" n'a qu'un lointain rapport avec la région des Ardennes (en Belgique, pour les nuls en géographie). D'ailleurs, la preuve, c'est que les Ardennes sont plutôt situées dans une zone semi-désertique, proche de Madrid, en Espagne où le film est tourné. L'action se passe aux alentours de Noël et même si le plafond nuageux est très bas (interdisant l'appui de l'aviation alliée), il n'y a pas de neige dans cette région espagnole …
Une fois ces hypothèses comprises et adoptées, il n'y a plus de problème pour profiter du film.
Et ce dernier est bien mené avec des personnages attachants comme ce lieutenant-colonel (Henry Fonda), toujours en train de chercher la petite bête (et même la grosse) avec le plaisir de damer le pion de son chef, un colonel (Dana Andrews) un peu trop sceptique ou sûr de lui.
Mais c'est surtout le côté nazi qui est très intéressant avec ce colonel (Robert Shaw) d'une division de panzer, fanatique et partisan de la guerre totale. Le personnage est fascinant. Tout entier dans son objectif même s'il a parfaitement conscience que la guerre est perdue. Toujours tout tenter pour ne serait-ce que retarder l'instant de la défaite. Une scène extraordinaire est celle où le colonel prend conscience que les commandants de chars vétérans ont tous désormais disparu et qu'ils sont remplacés par des jeunes sans aucune expérience du combat. Il se laisse convaincre que ces jeunes feront bien l'affaire lorsqu'ils entonnent le "Panzerlied" de façon martiale et – presque - inhumaine.
Bien entendu, ce colonel et ces jeunes ultra-motivés sont à mettre en perspective avec d'une part, le personnage de Conrad (l'ordonnance) qui en a marre après avoir survécu à quatre ans de guerre et à l'aspect de la ville (Berlin ?) qui n'est plus qu'un tas de ruines mais où les dignitaires nazis vivent dans des bunkers mais dans l'opulence.
Le casting du film est de très haut niveau. Outre ceux déjà nommés, Henri Fonda, Robert Shaw et Dana Andrews, on trouve Bronson, Robert Ryan, George Montgomery, Hans Christian Blech (dans le rôle de Conrad, qu'on voit dans d'autres films de guerre) etc … Tous excellents.
Au final, on a affaire à un très bon film de guerre, bien mené, bien monté, captivant, assez inoubliable avec des batailles de char très bluffantes. On ne voit pas passer les presque 3 heures. Même si la tonalité générale est quand même très très américano-américaine.