A peine la Libération achevée, René Clément fait un éloge de la Résistance à travers celui d'une corporation ouvrière qui n'en sort que grandie. On pourrait faire la fine bouche à propos de ces cheminots unanimement résistants ou sympathisants mais, après tout, le film évite l'emphase patriotique et la France, naguère humiliée, peut bien célébrer ses héros populaires et anonymes.
Clément relate minutieusement toute une série d'actes de sabotage ferroviaire opérés par les travailleurs du rail et qui sont autant d'actions de résistance visant à retarder ou annuler les mouvements de troupe et de matériel de l'occupant. Parce qu'il s'appuie sur des comédiens inconnus ou amateurs, de vrais cheminots pour la plupart, et parce qu'il se détourne d'une quelconque intention romanesque ou, même, d'une ébauche de personnages, le film a souvent l'apparence du documentaire dans lequel on en apprend autant sur les techniques de sabotage que sur les métiers du rail. Le fonctionnement de La SNCF, avec sa technologie de l'époque, n'est d'ailleurs pas indifférent à l'intérêt que suscite le film.
Locomotives et aiguillages trafiqués, arrachements de voies ferrées permettant l'attaque des maquisards forment une suite d'actions dramatiques anecdotiques mais précises et réalistes. Avec pour corollaire le risque encouru par les saboteurs résistants.
L'hommage est sobre, dépourvu de pathétisme, cependant qu'il manque peut-être au scénario une intrigue structurante renforçant l'intérêt du film. Notons que 20 ans plus tard, René Clément sera désigné pour réaliser le film "officiel" de la la libération de Paris.