Il y des chanteurs qui font des bons acteurs. Et y a Luis Mariano. Son inexpressivité et sa voix aigüe sont rédhibitoires dans le domaine de la comédie. Même ses roucoulades de ténor, qui se caractérisent par un sourire béat et rien d'autre, sont figées autant que ringardes. Cela dit sans vouloir offenser les admirateurs de Mariano
Raymond Bernard se fourvoie dans la réalisation d'une romance hispanolante complètement insignifiante. Luis Mariano y joue la vedette d'un film en train de se tourner, opportunément nommé "La belle de Cadix". Sa partenaire sera une danseuse gitane (la belle Carmen Sevilla), incarnant invariablement la fierté de son peuple en bombant la poitrine et en posant ses mains sur les hanches. Mariano, lui, porte des costumes qui prolongent son ridicule. Leurs sottes chamailleries amoureuses sont le seul enjeu de cette comédie musicale hors d'âge (et de l'opérette de Francis Lopez?)
Quelques chansons, dont la fameuse 'Belle de Cadix", et danses gitanes meublent un scénario très insuffisant. Jean Tissier, en réalisateur qui ne perd pas son calme devant les caprices de ses deux comédiens, joue avec convictions mais sans beaucoup de succès, les soi-disant maitres du cinéma devant son équipe de tournage. Lui seul aurait pu sauver la comédie.